Un an après la disparition de Norbert Ezadri, fondateur du Mouvement social Lumbiste (MSL), son héritage politique ressurgit dans un appel pressant à la cohésion sociale. Chantal Ngoy, présidente nationale du parti, a transformé la commémoration samedi à Kinshasa en manifeste pour l’unité de l’Ituri, province meurtrie par des décennies de conflits intercommunautaires.
« La grandeur d’un peuple ne se mesure pas à la somme des ambitions individuelles, mais à la force de son unité », a-t-elle déclaré, reprenant la maxime du défunt leader. Cette citation, pilier de la philosophie politique d’Ezadri, ancien rapporteur de l’Assemblée nationale et élu du territoire d’Aru, résonne comme un diagnostic des maux congolais. Dans un contexte où les fractures ethniques persistent, le MSL en fait le socle d’une nouvelle stratégie : l’Ituritude.
Ce concept, élaboré par Ezadri lui-même, se présente comme le fer de lance du développement provincial. Mme Ngoy en a détaillé les contours : valorisation de l’harmonie intercommunautaire, intégration inclusive des valeurs humaines, et surtout, dépassement des clivages historiques. « Notre responsabilité est de construire une province prospère et stable », a-t-elle martelé, soulignant que cette vision s’inscrit dans la continuité de Pierre Lumbi, fondateur de l’ancêtre du MSL.
Mais derrière ces nobles intentions se cachent des défis redoutables. L’Ituri, riche en ressources mais pauvre en paix, peut-elle réellement bâtir sa renaissance sur ce credo unitaire ? La présidente du MSL semble croire à cette alchimie politique, présentant l’Ituritude comme « levier fondamental » d’un développement durable. Pourtant, les observateurs notent que ce discours survient dans un paysage politique provincial fragmenté, où les logiques communautaires continuent d’influencer les alliances électorales.
Le véritable test résidera dans la traduction concrète de ces principes. Alors que le MSL cherche à s’imposer comme force pacificatrice, sa capacité à incarner cette cohésion sociale en Ituri reste à démontrer. L’hommage à Ezadri devient ainsi un miroir tendu à la classe politique : sa rhétorique d’unité résistera-t-elle aux réalités du terrain ? La réponse déterminera si l’Ituritude restera un vœu pieux ou deviendra l’architecture d’une nouvelle ère.
Dans sa conclusion, Chantal Ngoy a lancé un appel à « l’acceptation mutuelle » entre communautés, rappelant que le legs d’Ezadri impose une obligation de résultats. Alors que la RDC entame un cycle électoral décisif, ce message dépasse le cadre commémoratif pour toucher aux fondements mêmes de la reconstruction nationale. Le Mouvement social Lumbiste parie que la cohésion sociale en Ituri deviendra son étendard, mais l’histoire jugera si ce chantier prioritaire survivra aux calculs politiciennes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net