La campagne de vaccination de routine montre des résultats encourageants dans la plupart des zones de santé du Nord-Kivu, mais cache une réalité alarmante dans les territoires reculés. À Walikale, particulièrement sur l’axe Kibua-Itebero, des centaines d’enfants risquent d’être privés de vaccins essentiels. Comment expliquer cette rupture dans la chaîne de protection sanitaire ?
Le Dr Stéphane Hans Bateyi, coordonnateur provincial du Programme élargi de vaccination (PEV), identifie un coupable implacable : l’état catastrophique des routes. « Le transport des vaccins devient mission impossible lorsque les pistes se transforment en bourbiers », explique-t-il. Cette dégradation avancée des infrastructures isole des communautés entières, compromettant la chaîne du froid indispensable à l’efficacité des sérums.
Imaginez un vaccin comme un produit frais qui doit arriver à destination sans rupture de température. Dans les zones enclavées du Nord-Kivu, chaque nid-de-poule représente une menace pour la stabilité thermique. Les difficultés d’approvisionnement en vaccins à Walikale transforment ainsi des simples trajets en parcours du combattant pour les agents de santé. Combien d’enfants développeront des maladies évitables par manque d’accès à la vaccination routine ?
Face à cette urgence, le Programme élargi de vaccination RDC ne reste pas inactif. Le Dr Bateyi confirme que des « démarches intensives » sont en cours pour rétablir la logistique. Des solutions alternatives sont explorées, comme l’acheminement par moto-ambulances ou l’utilisation de drones médicaux dans les secteurs les plus inaccessibles. Mais ces mesures palliatives suffiront-elles sans réhabilitation durable des routes dégradées du Nord-Kivu ?
Cette situation illustre un défi crucial de santé publique : la vaccination ne dépend pas seulement des stocks, mais aussi des kilomètres de pistes praticables. En République Démocratique du Congo, où près de 40% des routes rurales sont impraticables en saison des pluies, l’équité sanitaire reste tributaire des infrastructures. Le cas de Walikale rappelle que chaque rupture logistique se paie en vies potentielles.
Des solutions existent pourtant. Le renforcement des centres de santé périphériques avec des équipements de stockage autonomes pourrait atténuer ces difficultés d’approvisionnement en vaccins. La formation d’équipes mobiles capables d’acheminer les vaccins à dos d’homme dans les derniers kilomètres constitue une autre piste. Mais ces mesures nécessitent un investissement soutenu et une coordination renforcée entre le PEV et les services des travaux publics.
En attendant, les populations de Kibua-Itebero vivent dans l’incertitude vaccinale. Le Dr Bateyi appelle à la vigilance : « Un enfant non protégé dans une zone reculée peut déclencher une épidémie qui gagnera les centres urbains ». Cette alerte souligne l’urgence de considérer la vaccination comme un réseau où chaque maillon compte. La résilience sanitaire du Nord-Kivu passera par ses pistes rurales autant que par ses flacons de vaccins.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net