Le marché de la construction à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo, subit un choc sans précédent. En l’espace de trois semaines seulement, le prix ciment Kisangani a connu une envolée spectaculaire, le sac de 50 kilos passant brutalement de 14 dollars américains à 21, voire 22 dollars. Cette hausse ciment Tshopo, équivalente à une augmentation de près de 60%, agit comme un frein brutal sur l’ensemble du secteur immobilier local.
Les conséquences sont immédiates et palpables sur le terrain. Plusieurs chantiers de construction, piliers de l’économie provinciale RDC, sont désormais à l’arrêt. « Avec cette hausse, on a dû suspendre les travaux. Nos clients ne peuvent plus suivre financièrement, et les projets sont bloqués », témoigne un constructeur local, illustrant l’impact domino sur l’emploi et les investissements. Le ciment, colonne vertébrale du marché construction Congo, se transforme en produit de luxe inaccessible.
Face à cette crise, les explications divergent radicalement. Les distributeurs pointent du doigt l’insécurité persistante dans l’Est de la RDC et la flambée des coûts logistiques depuis Kinshasa, arguments classiques dans les circuits d’approvisionnement congolais. Mais le ministre provincial de l’Économie, Senold Tandia, balaie ces justifications d’un revers de main. Lors d’une réunion d’urgence mercredi dernier avec les opérateurs économiques, il a dénoncé une spéculation ciment RDC pure et simple, qualifiant la hausse d’« injustifiée » et étrangère aux réalités du marché.
« Ce n’est pas une hausse liée aux fondamentaux économiques. Le prix doit redescendre immédiatement à 16 dollars maximum, pas un centime de plus. Les contrevenants s’exposeront à des sanctions sévères », a-t-il martelé, son ton laissant peu de place à l’ambiguïté.
Pourtant, trois jours après cet ultimatum gouvernemental, le terrain résiste. Une partie des dépôts reste paradoxalement fermée, créant une pénurie artificielle, tandis que les points de vente ouverts continuent à commercialiser le sac à 21 ou 22 dollars, défiant ouvertement le plafond officiel. Cette résistance soulève des questions cruciales : les mesures annoncées sont-elles applicables sans contrôle renforcé ? Cette spéculation ciment RDC masque-t-elle des dysfonctionnements plus profonds dans la chaîne d’approvisionnement ?
Analytiquement, cette crise du ciment à Kisangani dépasse le simple déséquilibre offre-demande. Elle expose les vulnérabilités structurelles de l’économie provinciale RDC, fortement dépendante des importations et sujette aux distorsions de marché. Si la paralysie du marché construction Congo persiste, les répercussions pourraient s’étendre à l’inflation générale et à la croissance régionale. La crédibilité de la régulation économique provinciale est désormais en jeu. La balle est dans le camp des autorités : leur capacité à faire respecter le plafond des 16 dollars constituera un test décisif pour la stabilisation des prix et la confiance des investisseurs dans la Tshopo.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net