Dans l’ombre des conflits qui déchirent l’Est de la RDC, des milliers de militaires et civils portent les stigmates invisibles de leur engagement pour la patrie. Vendredi 30 mai 2025, un vent d’espoir a soufflé à la Cité de l’Union Africaine avec l’adoption d’un projet de décret révolutionnaire : la médaille de la vaillance sera désormais attribuée aux personnes devenues handicapées suite à leur sacrifice pour la nation. Une reconnaissance tant attendue, portée par la ministre Irène Esambo, qui répond enfin à l’appel silencieux de ces héros oubliés.
« Cet acte permettra à la nation congolaise de reconnaître la bravoure des militaires et autres personnes physiques engagées dans la défense de notre intégrité territoriale », souligne le compte-rendu officiel du Conseil des Ministres. La ministre déléguée chargée des personnes vivant avec handicap a magistralement défendu ce texte qui matérialise l’article 49 de la Constitution, garantissant la protection des plus vulnérables. Un alignement parfait avec la loi organique n°22/003 du 3 mai 2022 sur la protection des droits des personnes handicapées, qualifiée par le président Félix Tshisekedi de « cadre propice à une politique publique de haute portée sociale ».
Mais au-delà des symboles, cette médaille de la vaillance en RDC représente-t-elle un tournant concret ? Le décret répond aux exigences de la Convention relative aux droits des personnes handicapées et de la résolution 2475 de l’ONU sur la protection des handicapés en zones de conflit. Pour la première fois, la nation pose un geste fort de solidarité envers ceux qui ont perdu leur intégrité physique dans les combats pour préserver l’intégrité du territoire. Une avancée saluée par les associations de défense des droits, mais qui soulève une question cruciale : cette reconnaissance restera-t-elle une simple décoration ou s’accompagnera-t-elle de mesures d’accompagnement tangibles ?
Le président Tshisekedi lui-même a rappelé « la nécessité et l’urgence de finaliser les cadres organiques et fonctionnels » lors de la 62e réunion du Conseil des Ministres. Car si la loi protection handicap RDC existe depuis 2022, son application peine à se concrétiser dans la vie des concernés. Les militaires mutilés connaissent souvent la double peine : des soins inaccessibles et une réinsertion professionnelle compromise. Le décret personnes handicapées présenté par Irène Esambo pourrait-il changer cette réalité ? Tout dépendra des décrets d’application qui doivent préciser les modalités pratiques d’attribution et, surtout, les droits connexes attachés à cette distinction honorifique.
Dans les hôpitaux de Goma ou de Bunia, où des centaines de blessés de guerre reconstruisent difficilement leur vie, cette annance résonne comme une lueur d’espoir. « C’est un signe que nos sacrifices n’ont pas été vains », confie anonymement un caporal amputé après une embuscade au Nord-Kivu. Mais derrière l’émotion légitime se cache une attente plus profonde : que cette reconnaissance militaires handicapés se traduise par un accès effectif aux soins spécialisés, à des pensions dignes et à une véritable inclusion sociale.
L’adoption de ce texte marque un progrès indéniable dans la construction d’une République plus juste. Pour la première fois, la bravoure n’est plus mesurée seulement aux victoires militaires, mais aussi au prix payé par les corps et les vies brisées. Reste désormais le défi de l’effectivité : faire en sorte que cette médaille ne soit pas qu’un métal brillant, mais le symbole d’une dette nationale enfin honorée. L’ultime combat pour ces héros sera peut-être celui de voir le décret d’Irène Esambo devenir une réalité dans leur quotidien.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
