Une avancée majeure pour la relance agricole Nord-Kivu se dessine dans le territoire de Lubero, où vingt tonnes de semences de blé viennent d’être récoltées sur une superficie de dix hectares. Cette moisson, annoncée ce samedi par Initiatives Intercommunautaires pour l’Environnement et la Paix (ICEPEP), symbolise la transition réussie d’une phase expérimentale vers une production semences RDC à grande échelle. Après près de deux années d’efforts pour réadapter cette culture oubliée, le territoire franchit un cap décisif vers l’autosuffisance alimentaire.
Alain Manzekele, ingénieur agronome chez ICEPEP, confirme cette dynamique : « Aujourd’hui, je peux affirmer sans hésitation que la culture blé Lubero est bel et bien relancée ». Les semences récoltées sont distribuées aux agriculteurs locaux, créant ainsi un circuit vertueux : les producteurs multiplient les grains avant de les vendre à Virunga Développement, partenaire industriel clé. Ce modèle collaboratif pose les jalons d’une filière intégrée, depuis les champs jusqu’à la transformation finale.
L’impact économique s’annonce substantiel. Avec un rendement initial de 2 tonnes par hectare, cette production semences RDC ouvre la voie à une augmentation exponentielle des surfaces cultivables. Mais le véritable catalyseur réside dans l’implantation imminente de l’usine transformation blé par Virunga Développement à Mulo, localité stratégique de Lubero. Cette infrastructure, présentée comme un « moteur de valeur ajoutée », traitera la production locale pour générer quotidiennement 35 tonnes de farine froment Virunga. Une capacité qui pourrait réduire les importations coûteuses de farine, soulageant ainsi la balance commerciale congolaise.
Quels défis restent-ils à surmonter ? La pérennité de cette renaissance agricole dépendra de l’optimisation des chaînes logistiques et de la formation continue des agriculteurs aux techniques culturales adaptées au climat du Nord-Kivu. ICEPEP souligne également la nécessité de politiques publiques soutenant la commercialisation des récoltes. Pourtant, les perspectives sont prometteuses : cette initiative crée déjà des emplois ruraux et diversifie les revenus dans une région longtemps minée par l’insécurité.
À moyen terme, cette dynamique pourrait transformer le Nord-Kivu en hub céréalier. Si les rendements progressent au rythme actuel, la production locale couvrira 30% des besoins nationaux en blé d’ici cinq ans. L’usine de Mulo, véritable colonne vertébrale du projet, assurera alors la transformation de 12 000 tonnes annuelles en farine froment Virunga. Cette autonomie progressive représenterait une économie de devises substantielle pour la RDC, tout en stabilisant les prix des denrées de base. La réussite de Lubero démontre-t-elle que l’agriculture congolaise peut renverser la dépendance aux importations ? Les prochaines récoltes apporteront une réponse tangible.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net