La composition du nouveau gouvernement provincial Kwilu a été officialisée jeudi soir, révélant une équipe resserrée de dix ministres placée sous l’autorité du gouverneur Philippe Akamituna. Cette annonce tant attendue s’accompagne déjà de premières controverses politiques, notamment l’exclusion frappante de l’Alliance des Forces Démocratiques du Congo (AFDC), pourtant quatrième force parlementaire locale.
L’architecture ministérielle présente plusieurs caractéristiques notables : sept des dix portefeuilles sont confiés à des députés provinciaux Kwilu, obligeant ainsi l’Assemblée à procéder à des remplacements inédits. La parité reste un défi majeur avec seulement deux femmes ministres, tout comme la représentation de la jeunesse qui atteint péniblement 20% de l’effectif. Trois personnalités expérimentées bénéficient d’une reconduction, signe d’une certaine continuité administrative dans ce remaniement.
Les mouvements de portefeuilles dessinent une recomposition subtile des influences. Robert Dinsodi, ancien pilier du Budget, hérite désormais du crucial ministère de la Santé. Clémentine Mindanda quitte le Travail pour diriger un super-ministère regroupant Pêche, Élevage, Genre et Famille. Quant à Arthur Laku, sa mutation de l’Agriculture vers l’Intérieur, Sécurité et Justice suggère une volonté de placer des fidèles sur des postes sensibles.
Géométrie politique controversée
L’analyse des partis politiques Kwilu représentés au gouvernement révèle des choix stratégiques lourds de sens. Le Congrès National Congolais (CNC) du gouverneur Akamituna domine largement avec quatre ministères, suivi du Parti Lumumbiste Unifié (PALU) qui en obtient trois. L’UDPS, pourtant poids lourd national, se contente de deux portefeuilles tandis que l’ATC-AV en décroche un seul.
Mais c’est l’absence totale de l’AFDC qui jette un froid politique. Avec quatre élus provinciaux, cette formation criera-t-elle longtemps à « l’exclusion calculée » ? Son accusation de « complot » pour l’écarter du pouvoir exécutif local pourrait résonner bien au-delà du Kwilu, posant une épineuse question : un parti représentant près de 10% des députés provinciaux peut-il être durablement tenu à l’écart sans conséquences institutionnelles ?
Conséquences parlementaires immédiates
Les nominations Kwilu RDC entraînent un séisme à l’Assemblée provinciale où neuf sièges deviennent vacants. Outre les sept ministres issus du parlement local, Égide Wawende (Idiofa) devient directeur général des Recettes et Urbain Kihosa (Masimanimba) prend la tête du cabinet du gouverneur. Cette hémorragie de l’assemblée vers l’exécutif interroge : les députés provinciaux ne sont-ils plus que des réservoirs à futurs commissaires du pouvoir ?
Le gouvernement dispose désormais d’un mandat de trois ans et demi pour relever des défis colossaux. Les routes impraticables, l’électricité fantomatique, l’agriculture sous-exploitée et l’entrepreneuriat étouffé constituent autant de dossiers urgents. Akamituna pourra-t-il transformer l’essai ou ces trois années suffiront-elles seulement à constater l’ampleur des retards accumulés ?
Cette équipe provinciale naviguera entre héritages politiques et pressions sociétales. La marginalisation de l’AFDC pourrait cristalliser les oppositions tandis que la faible représentation féminine expose le gouvernement aux critiques sur sa modernité. Reste à savoir si ce casting saura dépasser les calculs partisans pour répondre aux attentes d’une population impatiente de développement tangible.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd