Où est passé Augustin Matata Ponyo? Cette question taraude la scène politique congolaise depuis que le Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD) et ses alliés ont signalé la disparition inquiétante de leur président national. Dans un communiqué daté du 31 mai, les formations politiques révèlent que l’ancien Premier ministre est introuvable depuis le 21 mai, lendemain de sa condamnation à dix ans de travaux forcés dans le retentissant dossier Bukanga Lonzo.
Le ton est sans équivoque: le LGD impute directement cette disparition d’Augustin Matata Ponyo au “pouvoir en place”, assortissant ses accusations d’une mise en garde solennelle. “Nous tenons le pouvoir pour responsable de cette disparition et de tout ce qui peut lui arriver”, peut-on lire dans le document, rappelant avec une ironie mordante que “la sécurité des personnes relève des missions régaliennes de l’État”. Une charge qui frappe au cœur même de la légitimité gouvernementale.
Cette crise politique en RDC s’envenime avec la révélation d’un autre fait troublant: la confiscation du passeport de la fille de Matata Ponyo par la Direction Générale de Migration (DGM), l’empêchant de se rendre aux États-Unis le 30 mai. Le LGD exige “la remise sans condition” du document, voyant dans cette mesure administrative un harcèlement politique déguisé. Cette séquence rappelle étrangement les méthodes utilisées contre d’autres opposants, alimentant les craintes d’une dérive autoritaire.
La condamnation de Matata Ponyo par la Cour constitutionnelle est qualifiée d'”inique, arbitraire et inconstitutionnelle” par ses soutiens. Une dénonciation en règle qui interroge sur l’indépendance de la justice congolaise. Le procès Bukanga Lonzo, cette zone économique spéciale au cœur d’un scandale financier, apparaît désormais comme le catalyseur d’une crise institutionnelle majeure. Le pouvoir a-t-il instrumentalisé la justice pour éliminer un rival politique de premier plan?
Dans un sursaut d’unité, le LGD et ses partenaires expriment leur solidarité avec toutes les victimes de l’insécurité qui ravage le territoire national. Plus significatif encore, ils lancent un appel du pied aux “Congolais de toute tendance” pour bâtir ensemble “un véritable État de droit”. Cette main tendue révèle-t-elle une stratégie d’élargissement de l’opposition face à un pouvoir accusé de défaillance sécuritaire?
La disparition soudaine d’Augustin Matata Ponyo, figure centrale de la vie politique congolaise, plonge le pays dans une zone d’ombre inquiétante. Entre instrumentalisation judiciaire, intimidations administratives et maintenant disparition, la crise politique en RDC atteint un seuil critique. Où s’arrêtera cette escalade qui érode chaque jour davantage les fondements de l’État de droit? La communauté internationale restera-t-elle spectatrice de cette dérive? Une chose est certaine: la lumière doit être faite au plus vite sur le sort réservé à l’ancien chef du gouvernement, sous peine d’enfoncer un peu plus la nation dans le chaos.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd