Le grondement des moteurs se mêle aux jurons des chauffeurs près du pont Mbogu. « Regardez cette mare ! On croirait le lac Albert a débordé sur la route », rage Albert, chauffeur de camion, en désignant une flaque boueuse qui engloutit la moitié de la chaussée. Comme des milliers d’usagers, il affronte quotidiennement le calvaire de la route Bunia-Bogoro-Kasenyi, axe stratégique de l’Ituri transformé en champ de cratères.
Cette voie vitale pour l’approvisionnement de la région depuis l’Ouganda n’est plus qu’une succession de nids-de-poule et de marécages artificiels. « Voyager ici, c’est jouer à la roulette russe », témoigne Sarah, commerçante, montrant ses tomates écrasées après un cahot violent. Combien de marchandises périssent ainsi dans ce parcours du combattant ? La dégradation route Ituri atteint des niveaux catastrophiques sur ce tronçon où même les motards zigzaguent comme en zone de combat.
Le drame dépasse l’inconfort. « La semaine dernière, un camion a versé près de Salamu na Bibi », rapporte un habitant de Bogoro, désignant ce secteur réputé mortel. Ces accidents route lac Albert se multiplient, paralysant progressivement le trafic. Conséquence directe : les denrées venant d’Ouganda se raréfient dans les marchés de Bunia, faisant flamber les prix. Cette artère commerciale, jadis pulsation économique, se transforme en garrot qui étrangle l’approvisionnement Ouganda RDC.
Face à l’inaction des pouvoirs publics, des jeunes tentent désespérément de colmater les brèches. « On remplit les trous avec des gravats, mais à la première pluie… », explique Luc, cantonniers improvisé. Une initiative citoyenne fragile qui souligne l’abandon criant de cet axe. Les opérateurs économiques haussent le ton : « Comment développer notre province avec des routes dignes de champ de bataille ? »
La réhabilitation axes Ituri devient une question de survie économique et humaine. Alors que les autorités provinciales promettent des solutions depuis des mois, la situation empire chaque saison des pluies. Combien de vies et de cargaisons faudra-t-il sacrifier avant une intervention d’urgence ? La route Bunia-Kasenyi, miroir des défis infrastructurels congolais, attend toujours ses sauveurs.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
