La zone de santé de Kikongo, dans le territoire de Bagata (Kwilu), traverse une crise humanitaire aux multiples facettes. Aux difficultés structurelles s’ajoute l’afflux massif de déplacés fuyant les violences de Kwamouth, dans la province voisine du Maï-Ndombe. Cette double pression met en péril la prise en charge médicale des populations les plus vulnérables, particulièrement les femmes enceintes et parturientes.
Le Dr Didier Menanga, médecin chef de zone, tire la sonnette d’alarme : “Nous n’avons pas de médicaments dans nos hôpitaux. Nous devons prendre en charge ces personnes vulnérables, mais avec quels moyens ?”. Cette pénurie critique touche notamment les équipements obstétricaux essentiels, où l’absence de lits d’accouchement compromet la sécurité des accouchements. Comment garantir des maternités sans risques quand le matériel de base fait défaut ?
La situation est d’autant plus préoccupante que la gratuité des soins de maternité, promise par les autorités, reste lettre morte à Kikongo. Le Dr Menanga dénonce l’exclusion de sa zone du Programme de développement du ministère de la Santé (PMNS) : “La zone de santé de Kikongo n’est pas prise en charge par le PMNS. Ce qui fait que la gratuité des accouchements n’est pas au rendez-vous”. Un paradoxe alarmant alors que ce dispositif est appliqué dans d’autres régions de la RDC.
Cette marginalisation a des conséquences concrètes : sans compensation étatique, les structures de santé locales sont contraintes de fonctionner en mode survie. La crise sanitaire à Kikongo atteint son paroxysme avec l’arrivée des déplacés de Kwamouth, fuyant les conflits intercommunautaires. Ces populations, déjà traumatisées, se retrouvent dans une zone dépourvue de ressources médicales élémentaires. Une double peine qui expose mères et nouveau-nés à des risques mortels.
Le médecin chef pointe un abandon systémique : “La zone vient de subir le désastre avec les Mobondo, avec tous ces déplacés […] la zone de santé se trouve aujourd’hui à la merci d’elle-même”. Positionnée à la frontière entre Kwilu et Maï-Ndombe, Kikongo paie le prix de son enclavement géographique. L’appel lancé aux autorités provinciales est clair : une prise en charge holistique s’impose d’urgence pour les déplacés et un soutien concret à cette zone santé orpheline.
Face à cette urgence humanitaire, plusieurs questions s’imposent : jusqu’à quand les femmes de Kikongo devront-elles accoucher sans assistance médicale digne ? Comment justifier l’absence de gratuité des soins maternels dans une région où la précarité atteint des sommets ? La réponse repose sur une mobilisation immédiate des acteurs provinciaux et nationaux pour combler ce vide sanitaire. La survie des mères et l’avenir des nouveau-nés en dépendent.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd