Le moteur économique africain ralentit plus que prévu. Dans un contexte mondial volatile, la Banque africaine de développement (BAD) révise ses prévisions de croissance pour 2025 à 3,9%, en retrait de 0,2 point par rapport aux précédentes estimations. Cette correction, annoncée lors des Assemblées annuelles de l’institution à Abidjan, intervient alors que 24 pays du continent maintiennent pourtant des projections supérieures à 5%. Un paradoxe qui souligne les fractures d’une Afrique confrontée à des vents contraires persistants.
Quels facteurs expliquent ce coup de frein ? L’inflation tenace et l’escalade des tensions géopolitiques constituent le premier front. Combinées aux nouveaux tarifs douaniers américains, ces pressions compriment la demande mondiale pour les exportations africaines. Les économies locales subissent de plein fouet ce ralentissement des échanges, alors que plusieurs États peinent encore à se remettre des chocs post-pandémiques. La BAD pointe également la volatilité des marchés mondiaux comme un frein structurel, obligeant à revoir à la baisse les prévisions 2026 à 4,0% (-0,4 point).
Pourtant, l’Afrique conserve son rang de deuxième région la plus dynamique derrière l’Asie. Cette résilience s’explique par la fulgurante montée en puissance des services numériques, véritable colonne vertébrale de la croissance contemporaine. Ce secteur clé, générateur d’innovation et créateur d’emplois, amortit les chocs externes tout en offrant des leviers de transformation structurelle. Comment capitaliser sur cette dynamique ? La BAD, avec son portefeuille de 318 milliards de dollars, plaide pour une diversification économique accélérée et une rigoureuse consolidation budgétaire.
La maîtrise de la dette publique s’impose comme un impératif face aux turbulences. « L’incertitude globale exige une discipline financière renforcée », semble marteler l’institution, consciente que la vulnérabilité aux chocs externes reste le talon d’Achille du continent. Les prévisions actualisées de la Banque africaine de développement sonnent comme un avertissement : sans réformes courageuses, le décollage économique pourrait rester en sursis.
Néanmoins, l’optimisme persiste. La vitalité affichée par les champions régionaux et la maturité croissante des écosystèmes tech dessinent des pistes de rebond. La BAD encourage donc des investissements ciblés dans ces secteurs porteurs, seuls capables d’inscrire la croissance africaine dans la durée. Car derrière les chiffres revisités se profile un enjeu plus stratégique : transformer les économies pour mieux résister aux tempêtes mondiales. L’Afrique saura-t-elle saisir cette opportunité de réinvention ?
Article Ecrit par Amissi G
