La sécurité en RDC a dominé les discussions du Mécanisme de suivi de l’Accord-cadre pour la paix lors d’une réunion cruciale à Entebbe ce 28 mai 2025. Douze pays africains, dont la RDC et le Rwanda, se sont retrouvés autour de l’urgence sécuritaire dans l’est congolais. Pourtant, une absence notable a pesé sur les débats : ni le président congolais Félix Tshisekedi, ni son homologue rwandais Paul Kagame n’ont fait le déplacement, invoquant des agendas surchargés.
Le communiqué final a tranché net sur plusieurs fronts brûlants. Les États membres ont unanimement condamné l’installation d’une administration parallèle par les rebelles AFC/M23 dans l’est de la RDC. Le texte dénonce sans ambiguïté le soutien extérieur dont bénéficierait ce groupe armé. Sans nommer explicitement le Rwanda, la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU – citant Kigali – a été placée au cœur des recommandations. Jusqu’où iront les conséquences ?
Autre dossier explosif : la présence persistante des FDLR en territoire congolais. Le sommet a réitéré l’exigence de démantèlement de ce groupe, qualifié de facteur majeur d’instabilité régionale. Une demande particulièrement sensible pour Kigali, qui réclame cette action depuis des années. La réunion d’Entebbe aura au moins clarifié les lignes rouges.
Le président burundais Évariste Ndayishimiye, cédant la présidence du Mécanisme à Yoweri Museveni, a lancé un avertissement sans fard. Pointant directement le Rwanda, il a alerté sur les risques d’un embrasement régional si les tensions actuelles persistent. De son côté, Museveni a fustigé la dépendance excessive aux acteurs externes, plaidant pour un renforcement des solutions africaines. L’Accord-cadre d’Addis-Abeba doit être revitalisé, a-t-il insisté, pour consolider la paix dans la région des Grands Lacs.
Le document final réaffirme avec force le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États signataires. Un principe fondamental de l’accord de 2013 qui prend un relief particulier face aux récentes violations frontalières. Les tensions RDC-Rwanda, bien qu’absentées par leurs dirigeants, ont donc été au centre des préoccupations. La communauté régionale semble désormais exiger des actes concrets.
En signe de cette volonté d’action, la Cellule opérationnelle du Groupe de contact et de coordination voit son mandat élargi. Chargée désormais de mesures non-militaires, elle devra prioriser le désarmement volontaire et le rapatriement des combattants étrangers. Une mission complexe dans un paysage miné par des décennies de conflits. L’accord d’Addis-Abeba peut-il enfin passer des mots aux actes ?
Cette réunion d’Entebbe aura révélé deux réalités contradictoires. D’un côté, une unité africaine affichée contre l’ingérence et pour la stabilité. De l’autre, l’absence criante des principaux concernés dans un dossier où chaque heure compte. Alors que les combats continuent de ravager le Nord-Kivu, la crédibilité des mécanismes régionaux se joue maintenant sur le terrain. La balle est dans le camp des capitales.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net