Dans une démarche diplomatique aussi inédite qu’urgente, les représentants des confessions religieuses congolaises ont mené à Lomé un ballet de consultations stratégiques. Sous le regard attentif de l’Union africaine, ces artisans de paix ont discuté avec le président Faure Gnassingbé, désigné médiateur pour la médiation crise RDC, et son ministre des Affaires étrangères Robert Dussey. La présence de l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, co-facilitateur de l’UA ayant déjà sondé Joseph Kabila et Moïse Katumbi, confère à ces échanges une dimension panafricaine incontestable.
Au cœur des négociations : l’impérieuse nécessité d’harmoniser les multiples initiatives de résolution de la crise congolaise. Les religieux congolais ont plaidé pour une architecture de médiation unifiée, évitant l’écueil des processus parallèles qui fragilisent toute perspective de stabilité. « Comment envisager une sortie de crise crédible sans coordination entre les acteurs internes, régionaux et internationaux ? », interroge implicitement cette approche méthodique. Leur proposition : faire des églises congolaises les pierres angulaires du dialogue interne RDC, avec l’Union africaine médiation comme garante extérieure.
Cette mission togolaise révèle le rôle grandissant des chefs religieux politique RDC dans la résolution des crises. Leur légitimité populaire et leur neutralité apparente en font des intermédiaires privilégiés, capables de franchir les clivages politiques là où les diplomates échouent. Pourtant, leur influence reste suspendue à un rendez-vous manqué : le président Félix Tshisekedi, destinataire ultime de leurs conclusions, ne les a toujours pas reçus. Un retard qui interroge sur la célérité des autorités face à l’urgence de lancer les travaux préparatoires en juin.
La médiation religieuse s’inscrit dans un calendrier diplomatique chargé. Ce vendredi, les mêmes responsables ecclésiastiques échangeront avec une délégation de parlementaires européens en visite à Kinshasa – rencontre précédée d’un entretien entre ces eurodéputés et le chef de l’État. Dans la même semaine, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) devrait à son tour engager le dialogue avec les confessions religieuses. Cette convergence d’intérêts internationaux souligne-t-elle la défiance envers les solutions purement politiques ?
Le véritable test réside désormais dans la traduction concrète de ces discussions. Si les religieux congolais parviennent à imposer leur feuille de route, ils pourraient offrir au pays un cadre de sortie de crise crédible. Mais gare aux calculs politiques : la réussite de cette médiation atypique nécessitera que tous les acteurs, nationaux comme internationaux, acceptent de mettre leurs ambitions immédiates entre parenthèses. L’horizon de juin approche à grands pas ; saura-t-on éviter un nouvel ajournement qui fragiliserait davantage une nation en quête de stabilité ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd