Depuis lundi dernier, le paysage académique de Walikale, dans la province troublée du Nord-Kivu, est figé par une grève sèche sans précédent. Les enseignants de trois institutions supérieures – l’ISP, l’ISDR et l’ISTM – ont cessé leurs activités pour protester contre le non-paiement de leurs salaires et primes institutionnelles accumulés depuis cinq mois. Une situation qui plonge des centaines d’étudiants dans l’incertitude et menace sérieusement le calendrier universitaire déjà fragile de cette région.
Face à cette paralysie, les étudiants, regroupés au sein du comité inter estudiantin, ont rompu le silence par une lettre ouverte adressée aux autorités académiques. Leur message est sans équivoque : « Nous tenons à exprimer notre indignation face à la situation actuelle qui a conduit nos enseignants à déclencher une grève. Cette action, bien que regrettable, est une réponse directe au non-paiement de leurs salaires par le gouvernement », peut-on lire dans ce document qui circule activement dans les milieux éducatifs locaux.
Comment comprendre cette crise académique qui frappe le Nord-Kivu ? Les étudiants reconnaissent les légitimes frustrations du personnel scientifique, administratif et académique, mais soulignent avec force les conséquences désastreuses de ce mouvement. « L’éducation est un droit fondamental, et sa continuité doit être prioritaire pour tous », rappellent-ils, pointant du doigt l’impact immédiat sur leur apprentissage et leur avenir professionnel. La perturbation du calendrier universitaire devient une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur parcours académique.
Dans leur appel pressant, les étudiants de Walikale plaident pour une résolution rapide par le dialogue. « Nous croyons qu’il est essentiel de trouver des solutions alternatives qui permettent de garantir le paiement des salaires sans compromettre notre éducation », insistent-ils, exigeant des mesures concrètes des autorités académiques et gouvernementales. Leur demande résonne comme un cri d’alarme : explorer toutes les voies possibles pour sortir de l’impasse tout en protégeant leurs intérêts académiques.
Cette protestation étudiante met en lumière un problème systémique du secteur éducatif congolais. Comment justifier que des enseignants, piliers de la formation des futures élites, en soient réduits à cesser le travail pour réclamer le paiement de salaires dus depuis janvier ? La crise à Walikale n’est-elle pas le symptôme d’une gestion défaillante des fonds alloués à l’éducation dans les provinces en conflit ?
Les enjeux dépassent largement le cadre local. Si la grève perdure, c’est toute l’année académique 2025 qui risque d’être compromise, creusant davantage les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur dans l’est du pays. Les étudiants l’ont bien compris : leur avenir se joue aujourd’hui dans cette bataille pour la dignité enseignante et la continuité pédagogique. Reste à savoir si leur plaidoyer trouvera écho auprès des décideurs, ou s’il rejoindra le long catalogue des doléances ignorées dans cette région minée par les crises.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd