La République démocratique du Congo (RDC) vit une crise humanitaire d’une ampleur alarmante depuis l’occupation des villes stratégiques de Goma au Nord-Kivu et Bukavu au Sud-Kivu par la rébellion AFC/M23, soutenue par le Rwanda. Ce conflit violent a provoqué un exode massif vers le Burundi voisin, qui accueille désormais plus de 120.000 réfugiés congolais sur son territoire depuis janvier 2025. Cette révélation choc a été faite par le président burundais Évariste Ndayishimiye lors de la 12e réunion de haut niveau du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre pour la paix en Ouganda.
Comment un petit pays comme le Burundi peut-il absorber un tel afflux de populations traumatisées? Le chef de l’État burundais a lancé un cri d’alarme solennel : “Le Burundi a besoin d’un appui multiforme de ses partenaires pour accomplir davantage ces louables actions humanitaires”, soulignant le défi colossal que représente cette solidarité fraternelle. Cette déclaration intervient alors que le Burundi mène parallèlement des opérations militaires au Sud-Kivu contre le groupe rebelle Red Tabara, démontrant l’imbrication complexe des crises sécuritaires régionales.
Derrière les chiffres se cache une réalité humanitaire désastreuse. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) travaille d’arrache-pied avec les autorités burundaises pour enregistrer les nouveaux arrivants et les transférer vers des zones plus sûres, éloignées de la frontière congolaise instable. Mais les infrastructures sont totalement dépassées. Un communiqué du HCR daté d’avril 2025 décrit une situation catastrophique : les centres d’accueil sont saturés au-delà de leur capacité, la nourriture se fait rare et les services de santé, submergés, ne peuvent plus faire face aux besoins médicaux élémentaires.
Les conséquences sanitaires de cette surpopulation sont déjà visibles. Les agences humanitaires redoutent une propagation rapide de maladies mortelles comme le choléra dans ces conditions d’hygiène précaires. Les enfants paient un tribut particulièrement lourd : plus de 400 mineurs non accompagnés ou séparés de leurs familles errent dans les camps, sans protection adéquate. Les victimes de violences sexuelles, dont le nombre exact reste difficile à établir, n’ont qu’un accès limité aux soins psychosociaux essentiels.
Face à cette urgence grandissante, le HCR et ses partenaires ont lancé un appel de fonds urgent de 76,5 millions de dollars. Cet argent est vital pour prendre en charge les 90.000 réfugiés congolais supplémentaires attendus au Burundi entre mars et septembre 2025. Sans ce financement immédiat, comment éviter l’effondrement complet du système d’accueil? La communauté internationale reste pour l’instant sourde à ces demandes répétées, alors que les besoins ne cessent de croître avec l’intensification des combats dans l’Est congolais.
Cette crise des réfugiés congolais au Burundi illustre dramatiquement l’échec des mécanismes régionaux de résolution des conflits. L’occupation de Goma et Bukavu par le M23, malgré les multiples accords de paix, continue de générer un flux ininterrompu de déplacés. La présence rwandaise dans ce conflit complique encore les perspectives de stabilisation. Alors que les capitales occidentales se concentrent sur d’autres crises globales, la région des Grands Lacs sombre dans une tragédie humanitaire oubliée. Les 120.000 réfugiés ne sont peut-être qu’un avant-goût d’un exode bien plus massif si la communauté internationale n’intervient pas rapidement.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
