28.2 C
Kinshasa
dimanche, juin 1, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéEducationRutshuru : Trois semaines sans école, l'éducation sacrifiée dans les conflits armés

Rutshuru : Trois semaines sans école, l’éducation sacrifiée dans les conflits armés

Comment expliquer à un enfant que la guerre a volé son droit à l’éducation ? À Bambo, dans la chefferie de Bwito au territoire de Rutshuru, cette question déchire des milliers de familles. Depuis trois semaines, la suspension des cours frappe la quasi-totalité des écoles, plongeant élèves et enseignants dans une incertitude angoissante. Les affrontements récurrents entre rebelles de l’AFC/M23 et miliciens Wazalendo ont transformé les salles de classe en lieux fantômes.

Malgré les promesses des autorités relayées dans les médias locaux, la reprise scolaire annoncée pour ce lundi n’a jamais eu lieu. Ce vendredi 30 mai, aucune amélioration n’est visible sur le terrain. Dans les sous-divisions éducatives Rutshuru 1 et 2, plus d’une trentaine d’établissements – particulièrement ceux riverains du lac Édouard – gardent portes closes. Une insécurité croissante chasse enseignants et élèves vers des refuges précaires à Bambo centre ou Muliki.

« Depuis le début des affrontements ici à Bambo, plusieurs enfants sont à la maison depuis des semaines. Ils posent des questions, mais nous n’avons pas de réponses à leur donner », confie une mère de famille à Kiwanja, le visage creusé d’inquiétude.

La situation humanitaire empire jour après jour. Bambo centre, submergé par l’afflux de déplacés, voit ses ressources s’épuiser. Familles d’accueil et nouveaux arrivants survivent sans abris décents, sans eau potable, sans soins médicaux. L’accès aux champs étant coupé par les combats, l’ombre de la famine s’étend sur cette population déjà traumatisée. Pendant ce temps, les responsables éducatifs locaux demeurent injoignables.

Dans ce chaos, une annonce surprend : le directeur provincial intérimaire de l’EPST Nord-Kivu maintient le calendrier des examens nationaux. L’Examen d’État (EXETAT), le TENAFEP et le TENASOSP se tiendraient comme prévu jusqu’en juillet 2025. « Les élèves des zones affectées par la guerre prendront part aux examens », a-t-il déclaré. Mais comment croire en cette perspective quand les enfants déscolarisés de Bwito n’ont pas ouvert un livre depuis des semaines ?

L’intersyndicale des enseignants de Rutshuru alerte sur un risque réel d’année scolaire blanche. « Comment organiser des examens nationaux dans une zone de guerre où les élèves n’ont pas étudié depuis des mois ? », interroge un syndicaliste local. Cette crise dépasse largement Bambo : dans le territoire voisin de Lubero, près de 50 000 enfants sont déjà privés d’école selon l’UNICEF. Une génération entière sacrifiée ?

Les tirs d’armes lourdes qui ont encore retenti ce jeudi rappellent l’urgence absolue. Alors que les violations des droits humains se multiplient, la population de Bambo, isolée et épuisée, attend un signe d’espoir. L’année scolaire 2024-2025 s’effrite jour après jour dans le Nord-Kivu, et avec elle, l’avenir de milliers d’enfants congolais pris au piège des conflits armés. Sans solution rapide, cette suspension des cours à Rutshuru pourrait bien sceller le destin éducatif d’une région entière.

Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd

Commenter
Yvan Ilunga
Yvan Ilunga
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


Actualité Populaire Liée

Actualité Populaire RDC

Derniers Appels D'offres