L’odeur âcre de la mort envahit les ruelles de Bandundu. Depuis sept jours, les riverains de l’hôpital général de référence se bouchent le nez, impuissants face à cette pestilence insoutenable. « C’est une torture jour et nuit », confie Huguette Pumbu, coordonnatrice de la société civile Kwilu, les yeux rougis par l’effroi. La panne morgue Bandundu a transformé ce lieu de recueillement en épicentre d’une crise sanitaire RDC qui menace tout le Kwilu.
Le cœur du problème ? Une double défaillance technique paralysant les deux seules morgues de la ville. La première est hors service depuis six mois, abandonnée aux oubliettes administratives. La seconde, dernier rempart, a rendu l’âme la semaine dernière, plongeant familles endeuillées et personnel médical dans un cauchemar logistique. Imaginez-vous contraint de parcourir 37 km de routes chaotiques vers Bendella pour trouver une chambre froide digne de ce nom ? C’est pourtant l’option désespérée adoptée par plusieurs familles, confrontées à la décomposition corps Kwilu qui s’accélère sous un soleil équatorial impitoyable.
« Les corps se décomposent à vue d’œil », alerte Huguette Pumbu, la voix tremblante d’indignation. Sa demande est claire : transférer d’urgence la gestion morgue Bandundu à l’hôpital général, arrachée des mains d’une mairie accusée de négligence coupable. Derrière cette urgence se profile une menace plus large : la putréfaction accélérée pourrait déclencher des épidémies dans des quartiers surpeuplés. Les enfants jouant près des murs de l’hôpital sont-ils condamnés à respirer cet air vicié ?
Bernadette Kindumba, autre figure de la société civile Kwilu, pointe un scandale financier : « Où vont les fonds collectés pour la conservation des corps ? ». Chaque dépouille génère des recettes substantielles, mais l’entretien des équipements reste lettre morte. Cette opacité dans la gestion morgue Bandundu soulève des questions brûlantes : jusqu’à quand cette incurie va-t-elle durer ? Combien de familles devront-elles subir l’humiliation d’enterrements précipités ?
Face à la colère montante, la mairie tente d’apaiser les esprits. Véronique Mukanda Kafuti, maire adjointe, promet « des travaux en cours » et l’arrivée prochaine d’un nouveau moteur. Mais ces assurances sonnent creux pour des habitants qui vivent au rythme nauséabond de la décomposition. La gestion municipale montre ici ses limites criantes, transformant une panne technique en crise humanitaire.
Cette tragédie silencieuse révèle une vérité crue : la santé publique reste le parent pauvre des priorités locales. Alors que les corps s’amoncellent dans des chambres mortuaires devenues fournaises, la société civile Kwilu sonne l’alarme devant l’indifférence des décideurs. Cette crise sanitaire RDC à Bandundu n’est pas qu’un incident technique – c’est le miroir d’un système à bout de souffle, où la dignité des morts et la santé des vivens sont sacrifiées sur l’autel de la mauvaise gestion. Quand les larmes des endeuillés se mêlent aux relents de la pourriture, jusqu’où faudra-t-il descendre pour que l’État se réveille ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net