Le public de Roland-Garros découvre ces jours-ci un nouveau visage qui marque les esprits : Victoria Mboko. À seulement 18 ans, la jeune Canadienne d’origine congolaise, issue des qualifications, réalise un parcours éblouissant pour sa toute première participation à un tournoi du Grand Chelem. Enchaînant cinq victoires consécutives sans concéder le moindre set, elle s’est hissée au troisième tour, confirmant ainsi son statut de véritable révélation de cette édition 2025.
Née à Toronto de parents ayant fui la République Démocratique du Congo à la fin des années 90, Victoria Mboko a littéralement grandi sur les courts de tennis. Son père, Cyprien, passionné par la petite balle jaune sans jamais l’avoir pratiquée lui-même, a transmis le virus à ses quatre enfants. Si les aînés, Gracia et Kevin, ont atteint le niveau universitaire américain, c’est bien Victoria, la benjamine, qui porte aujourd’hui les espoirs de la famille au plus haut niveau. “J’ai un peu grandi sur un court de tennis, mes parents ne pouvaient pas me traîner ailleurs”, confiait-elle récemment à L’Équipe. Son père, décrit comme “très strict” concernant son tennis et son comportement, a consenti d’énormes sacrifices, travaillant parfois de nuit pour assister à ses entraînements intensifs qui rythmaient ses journées dès l’aube.
Cette détermination familiale et personnelle se traduit sur le court par une farouche volonté de vaincre. “Je détestais plus perdre que j’aimais gagner”, avoue la jeune joueuse, une mentalité forgée dès ses premiers échanges, notamment contre sa sœur aînée. Sa coach actuelle, l’ancienne numéro 3 mondiale Nathalie Tauziat, qui collabore avec la Fédération canadienne, confirme cette “haine de la défaite” : “Même si elle est menée, elle peut retourner un match. Elle se bat jusqu’au bout.” Cette force mentale s’ajoute à un jeu basé sur une puissance détonante. “Elle frappe très fort la balle, c’est une fille forte”, analyse Noëlle van Lottum, entraîneuse nationale en chef du tennis féminin canadien, qui la compare même à une jeune Serena Williams. Son service, déjà chronométré à 185 km/h à 16 ans, et son coup droit font des ravages. “Elle veut être à l’attaque. Elle veut dicter le jeu et imposer sa puissance depuis le fond du court”, ajoute le journaliste spécialisé Ben Lewis.
L’année 2025 est celle de l’éclosion pour Victoria Mboko. Avant de briller à Paris, elle avait déjà accumulé un nombre impressionnant de victoires sur le circuit ITF, remportant quatre tournois et signant une série de 22 succès consécutifs, la propulsant de la 350e place mondiale aux portes du Top 100, qu’elle intégrera à l’issue de la quinzaine parisienne. Après une année 2024 plus difficile passée en Belgique, loin de sa famille, son retour au Canada et sa collaboration avec Nathalie Tauziat semblent lui avoir redonné confiance et sérénité. Son prochain défi à Roland-Garros sera de taille : elle affrontera la Chinoise Zheng Qinwen, 8e mondiale et championne olympique en titre. Mais avec sa puissance, sa confiance et sa détermination, la jeune pépite canadienne a prouvé qu’elle avait les armes pour bousculer la hiérarchie.
Le parcours de Victoria Mboko est suivi avec passion, non seulement au Canada mais aussi au sein de la diaspora congolaise, fière de voir l’une des leurs briller sur la scène internationale. Son ascension fulgurante et son jeu spectaculaire promettent de faire vibrer les amateurs de tennis pour les années à venir.
