Le paysage financier africain connaît un tournant décisif avec l’élection du Mauritanien Sidi Ould Tah à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), ce jeudi 29 mai à Abidjan. Succédant au Nigérian Akinwumi Adesina, ce technocrate chevronné hérite d’une institution clé dans un contexte économique mondial tendu. Quelle trajectoire imprimera-t-il à cette banque pivot du développement continental ?
Dès sa première déclaration, le nouveau président BAD a tracé une ligne directrice sans équivoque : « L’emploi des jeunes, l’encouragement de l’initiative privée et l’appui aux petites et moyennes entreprises, surtout celles dirigées par des femmes ou des jeunes, sont une priorité absolue ». Cette vision, exposée lors d’une interview exclusive avant son élection, place les PME Afrique développement au centre d’un écosystème à revitaliser. Une stratégie qui pourrait redéfinir l’inclusion économique dans des pays comme la RDC, où 70% des emplois dépendent du secteur informel.
Le parcours de Sidi Ould Tah préfigure-t-il cette orientation ? Fort d’une carrière entre la technocratie mauritanienne et les arènes internationales, il a dirigé la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), qu’il a transformée en un levier de développement durable. Sous son mandat, l’institution a décroché la note de crédit « AAA » – un Graal financier – tandis qu’il était sacré « Banquier de développement de l’année » en 2022. Antérieurement ministre mauritanien de l’Économie (2008-2015) et conseiller présidentiel, il a aussi représenté son pays à la Banque mondiale et à la BAD elle-même. Ce réseau institutionnel constitue un atout pour naviguer les défis actuels.
Quelles conséquences concrètes pour le continent ? Avec l’Afrique confrontée à une dette croissante (65% du PIB en moyenne) et un chômage des jeunes frôlant les 22%, la Sidi Ould Tah vision mise sur les PME comme moteurs de résilience. En RDC, où les petites entreprises représentent 95% du tissu économique, un appui accru pourrait catalyser des secteurs vitaux comme l’agro-industrie ou les mines artisanales. Toutefois, cette ambition devra surmonter l’accès limité au crédit – seulement 24% des PME africaines bénéficient de prêts bancaires.
Perspectives et défis s’entremêlent donc pour ce nouveau président BAD. Si son approche pro-PME et inclusive est saluée, sa capacité à mobiliser les 25 milliards de dollars annuels nécessaires pour combler le déficit d’infrastructures africaines sera scrutée. Dans un continent où 60% de la population a moins de 25 ans, l’équation jeunesse-emploi-entrepreneuriat déterminera l’efficacité de son mandat. Comme il l’affirmait lui-même : son ambition est d’« offrir davantage d’opportunités aux jeunes et aux femmes ». Reste à transformer cette promesse en réalité tangible pour les millions d’Africains en attente d’un développement inclusif.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net