Dans un contexte où les recettes fiscales représentent moins de 12% du PIB congolais selon la Banque Mondiale, une conférence stratégique s’est tenue ce mercredi à l’Université Pédagogique Nationale. Barnabé Muakadi, Directeur Général de la Direction Générale des Impôts, y a délivré un message clé devant des étudiants chercheurs en économie : l’impôt constitue la colonne vertébrale de la souveraineté nationale. Cette sensibilisation impôts étudiants UPN s’inscrit dans une campagne plus large visant à ancrer durablement la culture fiscale en RDC.
« Comment bâtir un État fort sans ressources internes ? », a interrogé Muakadi lors de son exposé sur le thème « L’importance des impôts dans la construction de l’État ». Le patron de la DGI a martelé que les 6 000 milliards de francs congolais de recettes fiscales annuelles financent directement cinq piliers du développement : l’éducation, les infrastructures sanitaires, les routes, la sécurité et les mécanismes de solidarité nationale. Son plaidoyer pour un enseignement précoce a marqué les esprits : « J’ai toujours recommandé qu’on enseigne les notions de fiscalité dès le niveau primaire, voire en maternelle. Il faut que l’enfant comprenne que sa contribution future impulse le développement ».
Derrière ce volontarisme affiché, le directeur général a pointé trois défis structurels nécessitant une action gouvernementale urgente. Première priorité : la digitalisation intégrale du système fiscal, retardataire dans une région où des pays comme le Rwanda ont automatisé 90% de leurs processus. Deuxième chantier : le déploiement massif du télépaiement pour réduire les fraudes. Enfin, Muakadi exige l’implémentation d’un logiciel de gestion unifié, solution jugée cruciale pour limiter l’intervention humaine – source de corruption selon les experts – et porter le taux de recouvrement actuel de 12% à 20% d’ici 2026.
En réponse à ce diagnostic, la société civile a annoncé un projet concret. Stanis Meinj, président de Dynamique Congo-Conscience, co-organisateur de la conférence impôts Kinshasa, a dévoilé un plan d’accompagnement pour le civisme fiscal Congo : « Devant ce patriotisme économique incarné par la DGI, nous lancerons une campagne de sensibilisation dans 15 universités et 30 lycées pilotes ». Cette initiative vise explicitement à augmenter les recettes de l’État pour faire face aux défis sécuritaires dans l’Est, où le budget militaire absorbe 35% des ressources nationales.
Rappelons que la DGI, par mandat constitutionnel, collecte sept contributions majeures : l’impôt professionnel sur les rémunérations (30% du total), l’impôt sur les bénéfices (25%), la TVA (22%), sans oublier les taxes sur l’immatriculation des véhicules ou la vente d’imprimés. Alors que la conférence s’achevait, une question persistait : cette génération d’économistes formés à l’UPN parviendra-t-elle à transformer l’essai du civisme fiscal en une réalité tangible ? La réponse conditionnera la capacité du pays à financer son développement sans dépendre exclusivement des minerais.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd