Dans un geste diplomatique lourd de symboles, les parlementaires congolais membres de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF) ont martelé leur position face à la mission de bons offices : le retrait des troupes rwandaises du sol congolais constitue une ligne rouge infranchissable. Cette déclaration, faite ce 26 mai 2025 au Palais du Peuple à Kinshasa, résonne comme un avertissement sans équivoque adressé à Kigali.
Le député national André Mbata, porte-voix de la délégation, a été catégorique : « La souveraineté de la RDC et le respect de son intégrité territoriale ne se négocient pas ». Les preuves de la présence militaire rwandaise en sol congolais, désormais « établies » selon ses termes, justifient cette exigence ultime. Comment le Rwanda peut-il prétendre au statut de partenaire diplomatique tout en soutenant les rebelles du M23 ? La question, lancinante, plane sur les discussions.
La riposte congolaise prend une dimension inédite avec l’annonce fracassante du boycott du sommet ministériel de l’OIF prévu en novembre 2025 à Kigali. Mbata fustige l’impunité rwandaise : « Le Rwanda ne peut être responsable du massacre de plus de dix millions de Congolais, piller nos ressources naturelles sous le regard des instances internationales, et simultanément accueillir les grands rendez-vous francophones ». Ce boycott, acte politique calculé, vise à dénoncer ce qu’ils qualifient de « schizophrénie diplomatique ».
Cette position ferme s’inscrit dans le cadre de la mission de bons offices de l’APF, déployée pour soutenir les efforts de paix dans la tourmente des Grands Lacs. Durant deux jours, la délégation francophone consultera les forces socio-politiques congolaises, avec un mandat précis : suivre l’application des accords de paix, exiger la protection des civils, et lutter contre les violences faites aux femmes en zone de conflit. Mais peut-on réellement bâtir la paix quand l’intégrité territoriale d’un État membre est bafouée ?
Les parlementaires congolais transforment ainsi la visite de l’APF en tribune d’accusation. Ils exigent que l’instance francophone « ramène le Rwanda à la raison », soulignant que la présence des forces de Kigali en RDC sape toute crédibilité des processus diplomatiques. Cette crise met à l’épreuve les mécanismes de résolution de conflits régionaux : l’APF parviendra-t-elle à jouer son rôle de médiateur neutre face à des griefs aussi enracinés ?
Alors que la mission se poursuivra à Kigali, l’absence congolaise au sommet de novembre dessine d’ores et déjà les contours d’une fracture durable. Le gouvernement rwandais se retrouve dos au mur : condamné par le Conseil de sécurité de l’ONU et l’Union européenne, sa légitimité à incarner l’espace francophone est ouvertement contestée. La balle est désormais dans le camp de la communauté internationale. Assistera-t-elle passivement à l’effritement du principe sacro-saint de souveraineté des États, ou saura-t-elle imposer le retrait des troupes étrangères comme préalable à toute normalisation ? L’avenir de la stabilité régionale se joue sur cet échiquier diplomatique où le Congo refuse désormais toute concession.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd