Des bidons jaunes dansent sur les têtes des Kalemiens, direction le lac Tanganyika ou la rivière Lukuga. Depuis vendredi dernier, cette procession dangereuse est redevenue le quotidien de milliers d’habitants, privés d’eau potable par une panne électrique prolongée. « Cette situation risque de provoquer des maladies », alerte Nathan Mugisho, président de l’association Umoja ni Nguvu, tandis que la ville connaît une recrudescence de choléra.
La centrale hydroélectrique de Bendera, gérée par la SNEL, a plongé Kalemie dans le noir. Conséquence immédiate : les pompes de la REGIDESO se sont tues. Sans courant, plus de traitement d’eau. Comment une ville moderne peut-elle basculer en quelques heures dans une telle précarité sanitaire ? Les autorités restent muettes sur les causes précises de la panne électricité Kalemie et les délais de rétablissement.
Le spectre de l’épidémie choléra RDC plane comme une menace tangible. « Certains utilisent cette eau pour la lessive, d’autres pour la vaisselle, mais la frontière avec la consommation est poreuse », soupire une mère de famille rencontrée près du lac. Les structures sanitaires, déjà débordées, redoutent l’explosion des cas. L’eau potable Tanganyika devient un mirage tandis que les citoyens jouent leur santé à la roulette russe.
L’impact économique coupure courant frappe de plein fouet les petits commerces. « En temps normal, je vends quatre à cinq box de boissons par jour. Aujourd’hui ? Zéro », se désole un vendeur. Les salons de coiffure, ateliers de soudure et moulins ont baissé leurs rideaux. Même recharger un téléphone portable relève du parcours du combattant. Une économie locale étranglée, des pertes financières qui s’accumulent heure après heure.
La REGIDESO Kalemie, les mains liées sans électricité, ne peut fournir de solution alternative. Les camions-citernes sont absents des quartiers périphériques. Combien de nouveaux cas de choléra faudra-t-il pour déclencher l’état d’urgence ? Cette paralysie multiforme pose une question cruciale : jusqu’où devront tomber les indicateurs sociaux avant que des mesures concrètes ne soient prises ?
Derrière les statistiques, ce sont des vies qui se délitent. Des enfants qui boivent une eau douteuse, des artisans ruinés, des familles condamnées à choisir entre soif et maladie. La crise de Kalemie sonne comme un avertissement glaçant sur la fragilité des services essentiels. Quand l’électricité s’éteint, c’est toute la chaîne de la dignité humaine qui vacille.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net