Une nouvelle flambée de variole du singe secoue la prison militaire de Ndolo à Kinshasa, où l’Institut national de santé publique (INSP) a confirmé 30 cas et un décès cette semaine. Ce foyer carcéral illustre le défi persistant que représente le Mpox en République Démocratique du Congo, alors même que l’épidémie montre des signes de régression à l’échelle nationale.
Comment expliquer cette concentration en milieu pénitentiaire ? Le Dr Adélard Lofungola de l’INSP alerte sur les environnements clos, véritables incubateurs pour le virus : “Les contacts rapprochés et promiscuité dans les prisons créent des conditions idéales pour la transmission, comparable à une traînée de poudre dans un espace confiné”. Les symptômes initiaux – fièvre brutale, éruptions cutanées et ganglions douloureux – peuvent rapidement évoluer vers des complications mortelles sans prise en charge rapide.
Les chiffres publiés mercredi révèlent une situation contrastée. Si le pays enregistre 182 nouveaux cas la semaine dernière, portant le total à 21 452 contaminations depuis janvier 2024, Kinshasa concentre à elle seule 88 cas, soit près de 50% du bilan national. Cette persistance dans la capitale inquiète d’autant plus que la variole du singe en RDC présente désormais des modes de transmission élargis, incluant la voie sexuelle.
Face à cette menace, l’INSP santé publique a déclenché un dispositif d’urgence :
- Contrôles sanitaires renforcés dans les prisons de la capitale
- Traçage intensif des cas contacts
- Préparation d’une campagne ciblée de vaccination contre la variole du singe
Depuis novembre 2024, les autorités ont étendu la vaccination aux établissements pénitentiaires de Kinshasa, stratégie cruciale pour briser les chaînes de transmission. “Chaque personne vaccinée dans ces milieux à risque crée une barrière collective”, explique un responsable de l’INSP. Les vaccins, administrés en deux doses à quatre semaines d’intervalle, réduiraient de 85% les risques d’infection selon les études locales.
Malgré ces efforts, pourquoi la vigilance reste-t-elle de mise ? La découverte récente de souches mutées et la faible couverture vaccinale hors des zones prioritaires maintiennent le spectre d’une résurgence. L’INSP rappelle les gestes barrières : éviter les contacts peau à peau avec des personnes présentant des lésions, désinfecter les surfaces contaminées et isoler immédiatement tout cas suspect.
Alors que la RDC compte déjà 1 023 décès liés au Mpox depuis le début de l’année, cette alerte à la prison militaire Ndolo sonne comme un rappel : même en phase de régression, l’épidémie guette les populations vulnérables. La prochaine campagne de vaccination déterminera si le pays peut éviter un rebond épidémique dans ces bombes à retardement que constituent les milieux surpeuplés.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net