Le réveil a été brutal ce jeudi matin à Walikale. Comme des milliers d’habitants, Jean-Bosco, commerçant au marché central, a découvert avec stupeur le message « pas de service » sur son téléphone. « C’est comme si on nous avait coupés du monde. Comment prévenir ma famille à Goma que je suis en vie ? » lance-t-il, désemparé. Depuis la nuit de mercredi à jeudi, le chef-lieu du territoire de Walikale et ses environs sont plongés dans une isolation télécom Nord-Kivu sans précédent, les réseaux Vodacom et Orange étant totalement inopérants.
La cause de cette coupure réseau Walikale est technique mais lourde de conséquences. Selon des responsables locaux des deux opérateurs, un générateur essentiel pour l’alimentation électrique des antennes est hors service. « Pas une simple réparation, il faut carrément le remplacer », confie un technicien sous couvert d’anonymat. Le scénario le plus optimiste prévoit une résolution du problème sous « plus d’une semaine », laissant une population entière en déshérence numérique.
L’onde de choc économique est immédiate. Dans les rues de Walikale centre, les shops de transfert argent Walikale ont baissé leurs rideaux. Alphonsine, gérante d’un point Orange Money, décrit l’hémorragie : « Hier encore, je traitais 200 transactions par jour. Aujourd’hui, zéro. Comment vais-je nourrir mes enfants ? » Pour envoyer ne serait-ce qu’un SMS ou quelques dollars, les usagers n’ont d’autre choix que d’emprunter des pistes chaotiques jusqu’à Mubi, distant de 32 kilomètres. Un périple coûteux et dangereux qui prend plusieurs heures en moto-taxi.
Cette paralysie des communications révèle crûment la vulnérabilité d’une région déjà éprouvée. Les opérateurs économiques calculent déjà leurs pertes. « Sans mobile money, plus de transactions. Mon commerce de produits agricoles est à l’arrêt », se désole Marc, grossiste au marché. Mais au-delà de l’impact économique téléphonie RDC, c’est la sécurité même des habitants qui inquiète. Comment alerter en cas d’incident dans cette zone parfois instable ? Comment coordonner les services urgents ?
La panne Vodacom Orange RDC met en lumière la fragilité des infrastructures dans les territoires reculés. Alors que les habitants multiplient les appels pressants pour une solution rapide, une question persiste : jusqu’à quand des régions entières resteront-elles à la merci d’un seul générateur défaillant ? Dans l’attente, Walikale retient son souffle, symbole tragique d’un développement en suspens où la connexion numérique devient soudainement une question de survie quotidienne.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
