Un consortium d’organisations de défense des droits humains en République Démocratique du Congo, incluant Human Rescue et le Panel des Experts de la société civile, a publié une déclaration alarmante ce mercredi 28 mai 2025. Leur inquiétude porte sur la vague d’arrestations militaires ciblant particulièrement des officiers supérieurs swahiliphones, dont le général de brigade Pierre Banywesize, ancien chef d’état-major particulier de Joseph Kabila.
Selon l’ONGDH-RDC, le commandant adjoint des opérations de Dungu (Haut-Uélé) aurait été interpellé à Kinshasa par les services de renseignement militaire alors qu’il séjournait dans la capitale en attente d’un transfert médical urgent. Sa détention actuelle dans un lieu non révélé constitue une violation manifeste des procédures légales. Cette situation préoccupante des droits humains en RDC concerne également le général Banza Kabulo Joseph, ancien commandant adjoint du secteur Sokola 2 au Sud-Kivu.
Le consortium révèle des données troublantes : sur au moins 29 généraux actuellement détenus, 27 seraient d’obédience swahiliphone, auxquels s’ajoutent une centaine d’officiers subalternes. Ces arrestations militaires en RDC présentent des caractéristiques systématiques inquiétantes, notamment l’opacité entourant les motifs réels des interpellations et les lieux de détention. Plus grave encore, les garanties judiciaires fondamentales seraient bafouées, avec des violations incluant la privation du droit à un avocat, l’absence d’information claire sur les charges retenues, et le non-respect des délais légaux de présentation devant un magistrat.
Dans leur analyse, les organisations soulignent que ces pratiques alimentent un sentiment d’exclusion ethnorégionale, fragilisant dangereusement la cohésion nationale dans un contexte déjà marqué par des tensions sécuritaires et politiques. « Tous ces faits contribuent à nourrir un sentiment d’humiliation et de stigmatisation », peut-on lire dans la déclaration qui pointe les risques avérés de torture et de traitement dégradant dans ces centres de détention illégale en RDC.
Face à cette situation critique, l’ONGDH-RDC formule des recommandations impératives :
- Autorisation immédiate des visites familiales et juridiques pour tous les détenus
- Organisation en urgence des procès conformément aux standards internationaux
- Libération conditionnelle pour raisons médicales du général Banywesize, dont l’état de santé nécessite des soins spécialisés à l’étranger
- Garantie du droit à un procès équitable pour tous les officiers incarcérés
- Accès immédiat pour les observateurs indépendants aux centres de détention
La détention prolongée du général Pierre Banywesize soulève des questions cruciales sur l’équilibre entre sécurité nationale et respect des droits fondamentaux. Depuis près d’une semaine, sa famille dénonce une disparition forcée après son enlèvement par des individus non identifiés à Kinshasa. Dans quel état se trouve aujourd’hui cet officier qui servait récemment encore la République à Dungu ? L’absence de transparence des autorités militaires sur son sort et celui des autres détenus ne fait qu’alimenter les inquiétudes quant au respect de l’État de droit en RDC.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd