Dans un coup de frein salutaire à une flambée spéculative, le ministre provincial de l’Économie de la Tshopo a imposé ce mardi 27 juin 2025 un cadre strict pour le prix du ciment. Par circulaire officielle, Senold Tandia a fixé le sac entre 13 USD (minimum) et 16 USD (maximum), mettant fin à des tarifs atteignant jusqu’à 21,25 USD soit 60 500 FC. Cette décision intervient après la révélation d’une pénurie délibérée orchestrée par des distributeurs, dans une province totalement dépendante des importations.
Le ministre a dénoncé avec virulence ce qu’il qualifie de « crime économique » : « Utiliser la pénurie comme prétexte pour des profits illicites, c’est accomplir le dessein de nuire au bien-être du peuple congolais. » Selon ses déclarations, cette spéculation s’inscrirait dans les « effets délétères de l’agression rwandaise », transformant la pénurie ciment RDC en arme de guerre économique. Une mission ministérielle a documenté quatre irrégularités majeures : absence de transmission des structures de prix, application de hausses « vertigineuses et injustifiées », défaut de communication des statistiques d’approvisionnement, et dissimulation fiscale.
La situation géoéconomique de la Tshopo explique en partie cette vulnérabilité. Enclavée et sans production locale, la province dépend entièrement du ciment acheminé depuis le Kongo Central via Kinshasa ou importé d’Ouganda. Cette dépendance a créé un terreau fertile pour la spéculation ciment Congo, où certains distributeurs justifiaient leurs tarifs abusifs par l’occupation rwandaise. Le ministre Tandia y voit une trahison : « Se servir de la guerre comme alibi pour s’enrichir, c’est avouer son allégeance aux M23 soutenus par le Rwanda. »
Quelles seront les conséquences pratiques de cette régulation ? D’abord, une baisse immédiate de près de 25% pour les consommateurs. Ensuite, un dispositif de contrôle renforcé, avec des avertissements sans équivoque du ministre économie Tshopo : « Tout opérateur récalcitrant sera considéré comme ennemi de la République. Personne ne peut fixer les prix selon son bon plaisir. » Cette fermeté répond à un contexte où la reconstruction post-conflit exige un accès abordable aux matériaux de base.
Mais jusqu’où peut s’étendre l’impact de cette mesure dans une province enclavée ? Si la régulation brise net la spirale spéculative à court terme, des questions structurelles persistent. La guerre économique RDC se joue aussi sur la sécurisation des axes d’approvisionnement et la diversification des sources. À moyen terme, cette décision pourrait inspirer d’autres provinces confrontées à des pénuries artificielles, mais son efficacité réelle dépendra de la capacité à traquer les circuits parallèles. Le véritable test sera l’approvisionnement régulier aux nouveaux tarifs – seul gage de crédibilité pour cette offensive contre la vie chère.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd