Un investissement colossal de 436,6 millions de dollars américains donne corps à l’une des infrastructures les plus attendues du Kasaï-Central : la route Kananga-Kalamba Mbuji. Cette artère de 230 km, actuellement en chantier, représente bien plus qu’un simple axe de circulation. Elle incarne la colonne vertébrale économique d’une région enclavée, promise à une transformation radicale de ses échanges commerciaux et de sa connectivité régionale. La récente visite de la Première ministre Judith Suminwa sur ce site stratégique a électrisé les opérateurs économiques locaux, tout en posant les jalons d’une course contre la montre avant la prochaine saison des pluies.
La Fédération nationale des petites et moyennes entreprises du Congo (FENAPEC) du Kasaï-Central, par la voix de son vice-président Jean-Pierre Kamuabo, a salué avec un optimisme mesuré l’engagement de la cheffe du gouvernement. « Les entrepreneurs restent attachés à la promesse d’accélération des travaux durant la saison sèche », a-t-il souligné, tout en plaidant pour une intervention simultanée des quatre entreprises contractantes. Cette requête technique, cruciale pour respecter l’échéancier serré de 36 mois, vise à optimiser chaque jour de la période sèche, fenêtre climatique indispensable aux travaux de revêtement en béton bitumineux.
Selon les précisions fournies par l’Agence congolaise de grands travaux (ACGT), maître d’œuvre du projet, le calendrier affiche une ambition tangible : l’ouverture du tronçon frontalier avec l’Angola est programmée au 15 juillet 2025, sous réserve d’aléas imprévus. Le chantier, lancé officiellement le 9 septembre 2024, s’attèle à la réhabilitation des routes provinciales RP709 et RN39. Outre le bitumage, les travaux incluent la construction de quatre ponts et l’établissement de couches de base et de fondation répondant aux normes internationales. Ces spécificités techniques transforment ce corridor en un véritable catalyseur d’intégration économique pour le centre du Kasaï.
Judith Suminwa a insisté sur deux piliers fondamentaux lors de son inspection : transparence et persévérance. Face aux défis logistiques et climatiques récurrents dans la région, ces principes apparaissent comme des remparts contre les dérives souvent observées dans les grands projets infrastructurels en RDC. La Première ministre a rappelé que l’impact socioéconomique de cette route dépassera largement son coût financier. En désenclavant les zones agricoles et minières, elle devrait booster les exportations et réduire de 40% les temps de trajet pour les transporteurs locaux selon les estimations de la FENAPEC RDC.
Quel avenir pour ce projet routier au cœur du Kasaï-Central ? Si la coordination entre l’ACGT et les entreprises sous-traitantes s’intensifie comme souhaité, la région pourrait voir émerger d’ici 2027 un corridor fluide, capable de drainer vers Kananga les productions agricoles de Kalamba Mbuji et de fluidifier les échanges transfrontaliers. Toutefois, la vigilance reste de mise : les retards d’approvisionnement en matériaux ou les épisodes pluvieux intenses pourraient fragiliser ce calendrier déjà tendu. La mobilisation des PME congolaises, galvanisées par la visite gouvernementale, constitue un signal fort. Elle démontre que ce chantier dépasse la simple infrastructure pour incarner un test de crédibilité de la gouvernance des grands travaux en RDC.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net