Dans une initiative historique, les États membres de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) viennent de fonder le Réseau des organes de gestion des élections d’Afrique centrale (ROGEAC). Cette structure pionnière, établie à Bujumbura, a pour mission fondamentale d’assurer la tenue d’élections crédibles et transparentes à travers la région. Une réponse institutionnelle aux défis récurrents de légitimité électorale qui ont souvent miné la stabilité de l’Afrique centrale.
Le siège burundais du ROGEAC symbolise une volonté régionale de consolider les processus démocratiques par des scrutins inclusifs et apaisés. Comment cette plateforme transformera-t-elle le paysage électoral d’une région marquée par des tensions post-électorales récurrentes ? Selon les architectes du projet, le mécanisme permettra d’harmoniser les standards démocratiques et de mutualiser les expertises techniques entre nations membres. Une approche collaborative qui pourrait marquer un tournant décisif.
Denis Kadima, président de la Commission électorale nationale indépendante de la RDC, présent à Bujumbura pour le lancement officiel, a souligné le caractère stratégique de cette initiative : « Cette démarche consacre une étape majeure dans la structuration de la coopération électorale en Afrique centrale. Le choix du Burundi n’est pas fortuit : il permet de concilier inauguration institutionnelle et observation concrète de scrutins nationaux ». Le calendrier initial prévoit l’adoption des textes fondateurs – statuts, règlement intérieur et plan de travail – ainsi que l’élection du comité directeur.
Huit pays ont d’ores et déjà confirmé leur adhésion à ce réseau inédit, bien que leur identité n’ait pas été explicitement dévoilée. Kadima insiste sur la dimension pédagogique du projet : « Chaque nation apporte son expérience unique. Si nous partageons tous des défis liés à l’instabilité, à des degrés variables, la mutualisation des savoir-faire techniques électoraux ouvre des perspectives inédites ». La création d’une « composante de solidarité » opérationnelle constituerait l’innovation majeure de ce dispositif régional.
L’établissement du ROGEAC à Bujumbura positionne le Burundi comme épicentre de la gouvernance électorale régionale. Cette localisation géostratégique permettra-t-elle de transformer les élections en vecteur de stabilité plutôt qu’en facteur de crise ? Les observateurs régionaux notent que la crédibilité des futurs scrutins en Afrique centrale se jouera désormais en partie dans la capitale burundaise. La réussite de cette entreprise dépendra de l’indépendance opérationnelle du réseau et de l’engagement concret des États membres à respecter ses recommandations.
Alors que plusieurs pays de la CEEAC approchent de cycles électoraux délicats, le ROGEAC représente un test crucial pour la maturité démocratique régionale. Son architecture technique et sa capacité à prévenir les contentieux électoraux seront scrutées par la communauté internationale. L’enjeu dépasse la simple supervision des urnes : il s’agit rien moins que de construire une culture politique commune où l’alternance pacifique deviendrait la norme plutôt que l’exception en Afrique centrale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net