Une vingtaine de magistrats militaires et officiers de police judiciaire ont été initiés simultanément à Beni, dans le Nord-Kivu, à deux disciplines critiques depuis le lundi 26 mai. Ces sessions spécialisées, orchestrées par la section d’appui à la justice de la MONUSCO, visent explicitement à consolider les capacités d’investigation dans une région minée par la violence armée.
La première formation, dédiée à l’expertise balistique appliquée aux procès pénaux, permet aux enquêteurs de décrypter les indices balistiques déterminants. Reda Aitlemqeddem, expert formateur de la MONUSCO, souligne que « l’analyse technique des armes individuelles ou collectives fournit des renseignements capitaux pour identifier les auteurs de crimes ». Cette compétence technique s’avère indispensable dans un contexte où les groupes armés prolifèrent, transformant chaque projectile en preuve potentielle.
Parallèlement, le second module se concentre sur la cybercriminalité et les techniques d’enquête numérique, répondant à une menace croissante au Nord-Kivu. Les participants y acquièrent des méthodologies modernes d’investigation criminelle dans l’espace digital, tout en étant préparés à leur rôle futur de formateurs. Comment contrer efficacement des infractions transnationales sans maîtriser la traçabilité électronique ou l’analyse des données cryptées ? Cette initiative comble un vide opérationnel critique.
Ces formations s’inscrivent dans la stratégie globale de la MONUSCO pour appuyer l’efficacité du système judiciaire congolais et combattre l’impunité endémique. Le choix de Beni n’est pas fortuit : cette zone éprouvée par des décennies de conflits requiert des enquêteurs capables de traquer autant les traces physiques que digitales des crimes. La maîtrise de l’expertise balistique en RDC devient un levier essentiel pour établir des chaînes de responsabilité dans les dossiers complexes impliquant des armes de guerre.
Les bénéficiaires, soigneusement sélectionnés parmi les acteurs clés de la justice militaire et de la police judiciaire locale, seront désormais aptes à instruire des procédures intégrant des preuves techniques irréfutables. Leur expertise renforcée en analyse criminelle permettra d’élucider des affaires allant du trafic d’armes aux réseaux de financement illicite. La MONUSCO, par cet investissement dans le capital humain, entend catalyser une justice plus réactive face à la sophistication des infractions.
Ces ateliers intensifs illustrent la nécessaire adaptation des outils judiciaires aux réalités contemporaines de la criminalité. Alors que les groupes armés diversifient leurs modes opératoires, la synergie entre l’expertise balistique traditionnelle et la lutte contre la cybercriminalité au Nord-Kivu constitue un rempart contre l’opacité des crimes. Les conclusions de ces formations pourraient influencer significativement les réquisitoires dans les prochains procès d’envergure, marquant peut-être un tournant dans le laborieux combat contre l’impunité à l’Est de la RDC.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net