À Kenge, dans la province du Kwango, les promesses de réhabilitation de la route Kenge-Mawanga se dissolvent dans la boue des érosions. Sur cet axe vital de 250 km, les usagers affrontent un calvaire quotidien. « Si la route est bonne, je peux utiliser un seul litre de carburant pour arriver à Kenge. Mais là… c’est une torture », lâche un conducteur de moto, les mains crispées sur son guidon. Entre nids-de-poule et ravines, le trajet devient une épreuve de survie.
« Les autorités nous font souffrir. Que veulent-elles pour nous ? »
En 2022, l’entreprise ABC avait inauguré des travaux… pour un résultat invisible. Deux ans plus tard, rebelote : une nouvelle cérémonie lance des travaux qui s’arrêtent net après quelques kilomètres de terre jaune. « Ça cède aux premières pluies », maugrée un habitant de Panzi. Dans cette région où 95% des routes sont impraticables, chaque faux départ creuse un peu plus la défiance.
La société civile monte au créneau. Symphorien Kwengo, vice-président du cadre de concertation du Kwango, exige un audit financier : « Où sont passés les fonds ? Qui supervise ces chantiers fantômes ? » Ses questions résonnent comme un coup de semonce. Avec seulement 5 km de route asphaltée dans toute la province, l’enclavement étouffe l’économie locale. Les producteurs agricoles paient le prix fort : « Comment exporter nos mangues ou notre manioc ? Les camions s’embourbent avant même d’atteindre Kasongolunda », se désole une coopérative.
Derrière ce fiasco routier se profile un enjeu crucial : la crédibilité de l’État dans ces zones reculées. À force de chantiers inachevés, ne nourrit-on pas un sentiment d’abandon ? Entre Kinshasa et le Kwango, le fossé semble se creuser aussi vite que les érosions…
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd