L’hôpital général de référence de Fataki, dans le territoire de Djugu (Ituri), a rouvert ses portes après plus d’un mois de paralysie. Cette fermeture, imposée par les violences des groupes armés dont la milice Codeco, avait privé plus de 169 000 personnes de soins de santé secondaires. Une lueur d’espoir dans une région où les conflits armés en Ituri ont transformé l’accès aux services médicaux en parcours du combattant.
Fin mars, des affrontements meurtriers entre l’armée ougandaise et les combattants de la Codeco ont plongé Fataki dans le chaos. En moins de 72 heures, plus de 200 morts, des centaines de blessés et des milliers de déplacés ont été enregistrés. « C’était une course contre la montre pour évacuer les patients », témoigne un agent de santé sous couvert d’anonymat.
Comment fonctionne un hôpital en zone de guerre ? La réouverture de cette structure ressemble à un miracle fragile. Les équipes médicales doivent composer avec des stocks de médicaments limités et la peur persistante d’une reprise des combats. « Chaque ambulance sortant de l’hôpital risque de croiser un barrage improvisé », déplore un médecin de la place.
Pour les spécialistes de la crise humanitaire en Ituri, cette réouverture ne résout qu’une partie du problème. « Les centres de santé périphériques restent inaccessibles à cause des groupes armés », explique un coordinateur humanitaire basé à Bunia. Résultat : l’hôpital de Fataki risque d’être rapidement submergé par des cas qui auraient pu être traités en amont.
La situation illustre un cercle vicieux typique des conflits armés en RDC : violences → déplacements → surcharge des infrastructures → détérioration sanitaire. Selon les dernières données, 1,7 million de personnes sont déplacées dans la province de l’Ituri, dont 60% ont besoin d’une aide médicale urgente.
Quelles solutions durables imaginer ? Les autorités provinciales promettent un renforcement de la sécurité autour des structures sanitaires. « Nous déployons des patrouilles conjointes avec la MONUSCO », affirme le gouverneur adjoint de l’Ituri. Mais sur le terrain, les populations restent sceptiques. « Hier encore, on entendait des tirs à 5 km de l’hôpital », murmure une patiente rencontrée devant la maternité.
En attendant une paix hypothétique, les humanitaires misent sur la prévention. Des campagnes de vaccination accélérées et des kits d’urgence sont distribués dans les sites de déplacés. Un travail titanesque : rien qu’en mars, 23 000 consultations ont été réalisées par MSF dans la région, dont 40% pour des maladies liées au manque d’eau potable.
La réouverture de l’hôpital de Fataki offre donc un répit, mais pas une solution définitive. Les professionnels de santé lancent un appel pressant : « Nous avons besoin de garanties sécuritaires pour travailler, et de médicaments pour soigner. Sans cela, toute nouvelle fermeture serait catastrophique. »
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd