Dans un contexte où les cris de détresse résonnent à travers le continent, la voix du Cardinal Fridolin Ambongo s’élève avec une intensité particulière. « Comment pouvons-nous rester sourds aux gémissements de nos frères et sœurs privés de leur dignité fondamentale ? », interroge-t-il, le visage marqué par l’émotion, lors de la 62e journée de l’Union Africaine.
Le président du SCEAM a choisi Kinshasa, épicentre des défis africains, pour lancer un appel historique. Son message, porté par le thème « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations », frappe par son actualité brûlante. Les chiffres de la CADHP donnent froid dans le dos : des millions de déplacés, des conflits qui ensanglantent le Sahel jusqu’à l’Est congolais, et une jeunesse sacrifiée sur l’autel de l’indifférence.
« La justice sans les réparations n’est qu’un mirage », assène le Cardinal, pointant du doigt l’héritage toxique des blessures historiques. Son plaidoyer transcende les frontières ecclésiastiques pour épouser les contours d’une urgence continentale. Terrorisme au Sahel, exploitation minière dans le Kivu, traite des êtres humains en Libye : chaque crise semble crier la même demande de redressement.
Mais comment traduire ces paroles en actes concrets ? Le message du SCEAM esquisse une piste : l’engagement renouvelé de l’Église, inspiré par les papes François et Léon XIV. Une Église « qui marche aux côtés des laissés-pour-compte », selon les mots d’Ambongo. Cette vision trouve écho dans les bidonvilles de Goma comme dans les camps de réfugiés du Tigré.
Pourtant, l’obstacle majeur reste entier. Les dirigeants africains sauront-ils dépasser les intérêts éphémères pour écrire une nouvelle page de l’histoire continentale ? La question plane tel un défi, alors que les femmes congolaises payent le prix du sang dans l’indifférence générale, et que des enfants sombrent dans la malnutrition au Sud-Soudan.
Le Cardinal lance ultimement un pont entre mémoire et avenir : « Les réparations ne sont pas un chèque en blanc, mais une semence pour reconstruire notre maison commune ». Un message qui résonne comme un test décisif pour la crédibilité de l’Union Africaine à l’heure où l’écologie, l’éducation et la santé publique réclament des investissements massifs.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net