Le gouvernement congolais franchit un pas décisif dans la rationalisation de l’économie informelle. Ce mardi 27 mai, le vice-Premier ministre Daniel Mukoko a orchestré une réunion stratégique regroupant l’Hôtel de ville de Kinshasa et trois ministères clés. Objectif : piloter un ambitieux projet d’aménagement urbain visant à structurer les activités commerciales informelles sur quatre sites névralgiques de la capitale.
Quatre zones tests pour une révolution urbaine
La phase pilote cible des points de congestion emblématiques : la place Kintambo Magasin, le Rond-point des Huileries, le couloir Kimbuta et la Place des évoluées. « Ces sites concentrent à eux seuls près de 60% du commerce de rue selon nos estimations préliminaires », révèle une source ministérielle sous couvert d’anonymat.
Une formalisation à double détente
Le projet conjugue deux impératifs : intégrer progressivement les acteurs informels dans le circuit économique structuré tout en redessinant le visage urbain de Kinshasa. « L’informalité génère des recettes mais défigure notre capitale. Nous voulons transformer cette énergie commerciale en atout urbanistique », explique Daniel Mukoko.
Mécanisme opérationnel
Le processus prévoit :
- Un recensement biométrique des vendeurs
- L’attribution de zones commerciales dédiées
- La mise aux normes des infrastructures
- Un accompagnement vers la formalisation fiscale
Jésus-Noël Sheke, ministre provincial du Plan, précise : « Cette opération permettra d’absorber progressivement 15 à 20% des 3 millions de kinois actifs dans le secteur informel selon nos projections quinquennales ».
Enjeux économiques et sociaux
L’initiative soulève plusieurs défis :
- Équilibre entre régulation et préservation des revenus populaires
- Modernisation des infrastructures sans exclusion sociale
- Intégration des normes fiscales dans un secteur réputé réfractaire
Un expert en développement urbain de l’UNESCO tempère : « La clé réside dans un accompagnement progressif. Brutaliser le secteur informel reviendrait à tarir un moteur économique vital pour les ménages précaires ».
Perspectives et réplications
Si le pilote kinois s’avère concluant, le modèle pourrait s’étendre à Lubumbashi et Mbuji-Mayi dès 2025. Une enveloppe de 12 millions USD est actuellement à l’étude au Sénat pour financer la phase d’extension nationale.
Cette démarche inédite positionne la RDC dans le sillage des métropoles africaines comme Kigali ou Dakar, où la formalisation contrôlée du secteur informel a boosté à la fois les recettes fiscales et l’attractivité urbaine.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net