L’Assemblée provinciale du Sankuru a franchi un pas décisif ce lundi 26 mai en prononçant la destitution du gouverneur Victor Kitenge Kanyama, lors d’une plénière marquée par des tensions palpables. Un vote qui intervient dans un contexte dramatique, au lendemain d’un malaise cardiaque ayant frappé le chef de l’exécutif provincial en pleine réunion du Conseil provincial de sécurité. Ironie du sort ou calcul politique ? La question plane alors que les députés ont choisi de maintenir la motion de défiance malgré l’hospitalisation d’urgence de l’intéressé à Mbuji-Mayi.
Selon Samy Mbole, ministre provincial de la Communication, le gouverneur Kitenge a été « victime d’un grave malaise nécessitant une évacuation médicale immédiate ». Un épisode santé qui n’a pourtant pas suffi à suspendre la procédure engagée contre lui. Les élus, déterminés à tourner la page, ont invoqué une « incompétence notoire » et une « incapacité persistante à endiguer l’insécurité ». Des accusations lourdes dans une province où les attaques armées et les violences communautaires minent quotidiennement la stabilité.
La motion de défiance, déposée depuis plusieurs semaines, cristallise un divorce consumé entre l’exécutif et les députés. « Le gouverneur a échoué à traduire en actes ses promesses de campagne », a lancé un élu sous couvert d’anonymat. Un constat sévère, étayé par la déliquescence des services publics et l’absence de projets structurants. Pourtant, certains observateurs s’interrogent : cette destitution expéditive ne risque-t-elle pas d’aggraver la crise politique en RDC, dans une région déjà en proie à des rivalités de pouvoir ?
Les implications de ce vote dépassent la simple personne de Victor Kitenge. Le Sankuru, province stratégique au cœur de la République démocratique du Congo, entre désormais dans une zone de turbulence institutionnelle. Qui succédera au gouverneur déchu ? Le processus de désignation d’un intérimaire s’annonce semé d’embûches, tant les factions au sein de l’Assemblée semblent divisées. « La priorité doit être le rétablissement de l’autorité de l’État face à l’insécurité », insiste un membre de la société civile, rappelant l’urgence sécuritaire qui exige une gouvernance sans faille.
Cette crise ouvre surtout un précédent inquiétant : celui d’une instabilité politique chronique, où les jeux d’alliances éphémères l’emportent sur l’intérêt général. Le pouvoir central, discret jusqu’ici, devra-t-il intervenir pour apaiser les tensions ? Dans l’immédiat, les habitants du Sankuru, entre colère et résignation, observent une nouvelle fois les élites politiques s’affronter… loin des réalités de terrain.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd