Les gouverneurs du Nord-Kivu et de l’Ituri ont scellé un pacte sécuritaire sans précédent pour enrayer la violence dans l’Est de la RDC. Une collaboration renforcée entre ces provinces-clés a été actée ce lundi 26 mai à Bunia, épicentre du nouveau programme de stabilisation régionale.
Lancée dans un contexte sécuritaire critique, la deuxième phase du programme « Ensemble pour la stabilité et la gouvernance sécuritaire » marque un tournant stratégique. Ce plan interprovincial cible simultanément le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri, régions meurtries par des décennies de conflits armés. Comment inverser la dynamique guerrière ? La réponse des autorités passe par une approche inédite combinant coordination militaire et implication citoyenne.
Le général Kakule Somo, gouverneur du Nord-Kivu, a fixé les priorités devant les parties prenantes réunies : « Notre guerre totale contre les groupes armés exige l’adhésion populaire. Chaque citoyen doit devenir un rempart vivant contre les ennemis de la République. » Une déclaration qui résonne comme un appel aux armes civique dans cette province où 120 groupes armés sévissent encore.
Les échanges entre responsables sécuritaires ont mis en lumière des avancées tangibles. « Bunia montre la voie : sa transformation prouve que la paix permet le développement », a martelé le gouverneur Somo. Un plaidoyer appuyé pour l’arrêt des hostilités, condition sine qua non à la reconstruction d’infrastructures vitales.
Parmi les dossiers urgents : la réouverture de la Route nationale 4. Ce cordon économique stratégique, paralysé par les attaques des ADF entre Komanda et Beni, constitue un test pour la nouvelle alliance provinciale. Les deux gouverneurs militent pour son déblocage rapide, conscient que sa remise en service pourrait désenclaver des zones entières et relancer les échanges commerciaux.
Le programme de stabilisation mise sur un mécanisme inédit de partage de renseignements et de stratégies anti-insurrectionnelles. Une innovation majeure réside dans la création de comités locaux de sécurité associant chefs traditionnels et société civile. Cette approche décentralisée vise à ancrer la résilience communautaire face aux groupes armés.
Reste la question cruciale des moyens. Si les engagements politiques sont réels, leur traduction opérationnelle dépendra des soutiens logistiques et financiers promis par Kinshasa. Les prochaines semaines révéleront si ce partenariat Nord-Kivu/Ituri parvient à infléchir la courbe sécuritaire dans cette région minée par l’instabilité chronique.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net