« Chaque matin, je perds deux heures dans les embouteillages. Les routes dégradées, les chantiers inachevés… C’est un calvaire ! », témoigne Jean-Baptiste, chauffeur de taxi-moto à Kinshasa. Comme lui, des milliers de Kinois subissent au quotidien les conséquences d’un réseau routier en lambeaux. Pourtant, samedi 24 mai, le ministre des Finances Doudou Fwamba a salué une « avancée significative » dans la réhabilitation des routes de la capitale. Mais derrière les annonces officielles, qu’en est-il vraiment ?
Accompagné du gouverneur de Kinshasa et du ministre des Infrastructures, Doudou Fwamba a inspecté plusieurs chantiers phares. Sur l’Avenue du Tourisme, les bulldozers asphaltent fiévreusement la chaussée tandis qu’à Mbala, dans le quartier populaire de Badiadingi, les travaux de stabilisation contre l’érosion reprennent péniblement. « Ces infrastructures sont vitales pour désengorger le trafic et relancer l’économie », a martelé le ministre, soulignant l’impact des embouteillages sur le temps productif des citoyens.
Mais pourquoi ces projets tardent-ils à produire des résultats tangibles ? Le gouvernement provincial assure avoir lancé le curage des caniveaux sur l’Avenue Université et l’aménagement du By-pass. Pourtant, sur le terrain, certains riverains dénoncent des travaux « à deux vitesses ». « Ils asphaltent les axes fréquentés par les officiels, mais nos rues secondaires restent des marécages », peste Marie-Thérèse, commerçante à Kimwenza Gare.
L’inspection a surtout mis en lumière la question brûlante des fonds publics. Doudou Fwamba a exigé des comptes précis sur l’utilisation du budget alloué à la voirie urbaine. Une demande qui résonne comme un aveu : après des années de promesses non tenues, la méfiance persiste. « En 2022, 15 millions de dollars avaient été engloutis dans des projets fantômes », rappelle un expert en infrastructures sous couvert d’anonymat.
Si les autorités vantent une « nouvelle ère » pour les travaux routiers en RDC, les défis restent immenses. Comment garantir la transparence des dépenses ? Quels mécanismes pour impliquer réellement les habitants dans les priorités d’aménagement ? La réhabilitation des routes à Kinshasa dépasse le simple enjeu de circulation : c’est un test crucial pour la crédibilité des institutions congolaises face aux exigences citoyennes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net