Une lueur d’espoir se dessine pour les femmes du Nord-Kivu dans la lutte contre la fistule obstétricale. L’ONG Fistula Program a intensifié ses actions en sensibilisant 30 femmes à Beni le 24 mai, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de cette pathologie. Une initiative qui s’inscrit dans une stratégie plus large pour briser le tabou autour des complications obstétricales dans l’est de la RDC.
Comprendre la fistule obstétricale : un fléau évitable
Le Dr Gabriel Mathe Muhini du Fistula Hospital de Butembo explique avec pédagogie : « La fistule survient principalement lors d’un accouchement prolongé sans assistance médicale. Les tissus se nécrosent, créant une communication entre le vagin et la vessie ou le rectum ». Une réalité qui toucherait près de 3 000 nouvelles femmes chaque année en RDC selon les estimations de l’OMS.
La prévention : une arme collective
Comment prévenir cette pathologie dévastatrice ? La réponse des experts est claire : « L’éducation et l’accès aux soins prénatals sont nos meilleurs boucliers ». Le médecin insiste sur la nécessité de combattre les grossesses précoces – 28% des adolescentes de 15-19 ans au Nord-Kivu ont déjà été enceintes selon une récente enquête sanitaire. « Un bassin immature multiplie par 5 les risques de complications », précise-t-il.
Un réseau de sentinelles sanitaires
L’approche innovante de Fistula Program ? Former des relais communautaires à Butembo et Oicha pour identifier les cas cachés. « Beaucoup de femmes vivent dans l’isolement pendant des années à cause des fuites urinaires », déplore un agent de terrain. L’ONG propose des prises en charge gratuites combinant chirurgie réparatrice et réinsertion sociale.
Mobilisation tous azimuts
Les participantes à l’atelier – mères, enseignantes et leaders d’opinion – repartent avec un kit de sensibilisation. Objectif : diffuser les messages-clés dans leurs quartiers. « Éviter les mariages précoces », « consulter dès les premiers signes de grossesse à risque », « exiger une césarienne en cas de blocage » : autant de réflexes qui pourraient sauver des milliers de vies.
Ce combat dépasse le cadre médical. Comme le souligne un partenaire local : « Éradiquer la fistule, c’est redonner à la femme congolaise sa pleine place dans la société ». Un défi que le Nord-Kivu semble décidé à relever, une formation à la fois.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net