La République Démocratique du Congo fait face à une menace inédite dans l’espace numérique. Thierry Monsenepwo, figure engagée et ambassadeur congolais, tire la sonnette d’alarme sur l’utilisation détournée de l’intelligence artificielle à des fins de déstabilisation politique. Selon ses récentes déclarations, des acteurs malveillants exploitent des technologies de pointe pour fabriquer des contenus audiovisuels trompeurs visant les plus hautes sphères de l’État.
Une stratégie de déstabilisation 2.0
Les logiciels d’IA générative comme Sora ou DeepFaceLab seraient instrumentalisés pour créer des vidéos deepfake d’une troublante précision. Ces montages montreraient des responsables gouvernementaux dans des situations compromettantes – discours subversifs, comportements immoraux ou propos incendiaires – totalement inventés. « Ces manipulations high-tech constituent une arme de guerre informationnelle », affirme Monsenepwo, dénonçant une « cyber-déstabilisation » planifiée.
Comment distinguer le réel du virtuel quand l’IA reproduit mimiques et intonations avec un réalisme déconcertant ? Cette question cruciale interpelle autant les autorités que les citoyens congolais. Les faussaires disposeraient même de réseaux structurés à l’intérieur et hors des frontières nationales pour amplifier la diffusion de ces faux contenus.
Un péril aux multiples facettes
Au-delà des atteintes à la réputation individuelle, c’est la stabilité institutionnelle qui se trouve menacée. Les vidéos falsifiées circulant sur les messageries instantanées et les réseaux sociaux pourraient alimenter des tensions sociales ou discréditer des processus démocratiques. Une situation qui rappelle les ingérences étrangères documentées lors de récents scrutins africains.
Le phénomène s’inscrirait dans ce que les experts appellent la « guerre hybride de 5e génération », mêlant cyberattaques, désinformation et manipulation psychologique. Face à cette offensive polymorphe, Monsenepwo presse les autorités d’agir sur plusieurs fronts :
- Renforcer la surveillance des plateformes numériques
- Accélérer l’adoption d’un cadre juridique adapté
- Créer des unités spécialisées en forensic digital
Un appel à la mobilisation nationale
L’ambassadeur congolais interpelle directement le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) pour filtrer ces contenus toxiques. Il exige parallèlement une enquête approfondie du Département de Cybercriminalité, avec le soutien des services de renseignement. La collaboration avec les géants du web apparaît comme un impératif pour tracer l’origine des manipulations.
La régulation de l’IA en Afrique devient un enjeu géostratégique majeur. Alors que le continent accuse un retard dans ce domaine, la RDC pourrait montrer la voie en instaurant des garde-fous technologiques. Une loi-cadre sur l’éthique numérique est d’ailleurs évoquée dans les milieux parlementaires.
Quelles parades contre cette cyber-menace ?
Des solutions existent : authentification biométrique des contenus médias, certification des sources officielles, ou campagnes de sensibilisation citoyenne. L’armée et la police congolaises devraient selon Monsenepwo intégrer des modules de lutte contre la guerre cognitive dans leurs formations.
Cette alerte intervient dans un contexte régional volatile où les technologies disruptives deviennent des armes de déstabilisation massive. Elle pose une question cruciale : comment préserver la souveraineté numérique d’un pays face à des acteurs invisibles et transnationaux ? La réponse congolaise à ce défi pourrait servir de modèle à toute l’Afrique subsaharienne.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Eventsrdc