Dans la nuit du dimanche 26 mai, un éclair a déchiré le ciel de Goma, transformant une simple averse en tragédie. Trois jeunes hommes, frères d’une même famille, ont perdu la vie dans un incendie foudroyant au quartier Lac Vert. Leurs téléphones en main, ils n’ont pas eu le temps de fuir les flammes soudaines. « La foudre a frappé comme une malédiction », murmure un habitant, les yeux rivés sur les cendres de l’avenue Kabutembo.
Les voisins décrivent une scène de chaos : cris étouffés par la pluie, maisons tremblantes sous les rafales, et cette lueur orangée qui a consumé l’espoir d’une famille. « Comment en est-on arrivés là ? », interroge une femme, son nourrisson serré contre la poitrine. La question résonne bien au-delà de ce drame météorologique.
Car Lac Vert, quartier périphérique de Goma, cumule les fléaux. Sous occupation de l’AFC/M23 depuis janvier 2025, la zone vit au rythme des pillages et des violences armées. « Hier c’était un viol, aujourd’hui trois morts par le ciel, demain… », soupire un cadre local. Les services d’urgence, débordés par l’insécurité chronique, peinent à répondre aux catastrophes naturelles.
Les corps des victimes ont finalement été transportés à la morgue après des heures de démarches périlleuses. « Sans réseau électrique fiable, comment éviter ces accidents ? », s’insurge un enseignant. La foudre, phénomène naturel, révèle ici une vulnérabilité humaine amplifiée par les conflits. Chaque orage devient une menace mortelle dans ces zones où les paratonnerres sont inexistants.
Cette tragédie familiale soulève un paradoxe accablant : comment une région riche en ressources naturelles peut-elle être si démunie face aux caprices du climat ? Les organisations humanitaires tirent la sonnette d’alarme depuis des mois sur la précarité des infrastructures au Nord-Kivu. En vain.
Alors que Goma pleure ses morts, d’autres questions brûlent : jusqu’à quand les civils paieront-ils le prix de cette insécurité multiforme ? Quand l’urgence humanitaire deviendra-t-elle enfin priorité face aux enjeux géopolitiques ? Le lac Vert, miroir trouble des tensions congolaises, continue de refléter l’urgence d’agir.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd