Une crise silencieuse ébranle les institutions supérieures de Walikale
Comment maintenir un système éducatif fonctionnel lorsque ses acteurs clés survivent sans salaire depuis quatre mois ? Cette question brûlante secoue actuellement les institutions supérieures de Walikale, dans la province troublée du Nord-Kivu. ISP, ISDR et ISTM – trois piliers de l’enseignement supérieur local – tirent la sonnette d’alarme face à une situation sociale explosive.
Le cri de détresse du corps enseignant
Dans une lettre adressée le 19 mai à la ministre de l’Enseignement Supérieur, les agents dénoncent des arriérés salariaux cumulés depuis janvier 2025. « Nourrir nos familles devient un parcours du combattant », confie sous anonymat un professeur de l’ISP. Les primes de fonction – pourtant vitales dans cette région au coût de la vie élevé – restent également impayées.
Une administration sourde aux alertes ?
Les comités de gestion affirment avoir multiplié les relances infructueuses depuis février. « Aucune réponse concrète ne nous est parvenue, malgré nos trois courriers officiels », précise un membre du syndicat des enseignants. Cette inertie administrative contraste avec l’urgence décrite dans les foyers concernés : scolarité des enfants suspendue, dettes accumulées auprès des commerçants locaux, recours au crédit informel…
Un ultimatum aux conséquences imprévisibles
La menace de grève généralisée à partir du 26 mai plane comme une épée de Damoclès. « Nous n’excluons pas un arrêt total des activités académiques si nos revendications ne sont pas satisfaites », prévient un porte-parole du mouvement. Cette éventualité inquiète les 1 200 étudiants inscrits dans ces établissements, déjà éprouvés par les défis sécuritaires régionaux.
Les enjeux cachés d’une crise récurrente
Cette situation s’inscrit dans un contexte national préoccupant. Le ministère de l’Enseignement Supérieur en RDC peine depuis des années à résorber les retards de paiement chroniques. Certains analystes pointent un système de gestion décentralisé défaillant, d’autres évoquent des priorités budgétaires contestables. Quoi qu’il en soit, le cas de Walikale révèle une fracture inquiétante entre Kinshasa et les régions périphériques.
Quelles solutions pour demain ?
Alors que la date butoir du 26 mai approche, la balle est dans le camp des autorités. Une résolution rapide de ce contentieux pourrait éviter l’effondrement d’un secteur éducatif déjà fragile. Mais au-delà du règlement des arriérés, c’est toute la question de la valorisation des agents de l’État en zone de crise qui mérite une réflexion approfondie. Le Nord-Kivu attend des actes concrets pour tourner cette page humiliante.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd