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Conditions carcérales à Bulungu : 74 détenus entassés dans 8 m², la société civile s’indigne

Dans le territoire de Bulungu, province du Kwilu, l’absence criante d’infrastructure pénitentiaire officielle plonge les détenus dans un enfer quotidien. Le cachot du parquet, conçu pour des retenues temporaires, sert paradoxalement de prison permanente. Une cellule de 8 mètres carrés – équivalente à la superficie d’une salle de bain standard – contraint 74 personnes à survivre dans des conditions qualifiées d’« inhumaines » par la société civile locale.

Me Dirigeant Munzende, président de la société civile du Kwilu, décrit un tableau apocalyptique : « Les détenus forment une chaîne humaine assise pour tenter de dormir. Le premier s’adosse au mur, les autres s’alignent en colonne vertébrale. Ce n’est pas du sommeil, c’est une torture anatomique. » Cette configuration, maintenue nuit après nuit, provoque des troubles circulatoires et des lésions musculaires irréversibles selon des témoignages recueillis.

La situation atteint un paroxysme juridique : ce local insalubre accueille indistinctement prévenus en détention préventive et condamnés définitifs, violant les principes élémentaires de séparation des catégories carcérales. Pire : les transferts vers la prison de Kikwit, seule issue pour purger des peines dans des conditions acceptables, reposent entièrement sur les moyens financiers des familles. « Les plus pauvres croupissent ici indéfiniment, transformant une peine de prison en condamnation à la dégradation physique », dénonce un huissier du tribunal sous couvert d’anonymat.

L’ironie du sort réside dans les 500 sacs de ciment remis par l’ancien gouverneur Balabala pour construire une prison digne de ce nom. « Nous avons le matériel, l’espace, mais aucun soutien de l’État pour l’érection des murs », s’insurge Me Munzende. Les blocs de construction, stockés à l’air libre, se dégradent sous les intempéries tandis que les rapports d’alerte s’accumulent sans réponse des autorités provinciales.

Les femmes détenues subissent un sort distinct mais non moins préoccupant : regroupées dans un ancien bureau du parquet réaménagé, elles endurent des promiscuités contraires à toute dignité. Aucune statistique officielle ne précise leur nombre exact ni la nature des infractions reprochées.

Comment une telle situation peut-elle persister en 2023 ? Les magistrats du Tribunal de grande instance de Bulungu, chargés des appels pour quatre territoires du Kwilu, se disent « liés par les carences infrastructurelles ». Un substitut du procureur confie sous anonymat : « Nos réquisitoires demandent systématiquement des alternatives à la détention préventive, mais le système entier est engorgé. »

La société civile, épuisée par des années de plaidoyer infructueux, envisage désormais des recours internationaux. « L’État congolais méconnaît ses obligations constitutionnelles et conventionnelles en matière de droits des détenus », argue Me Munzende, faisant référence à l’article 17 de la Constitution et aux règles Nelson Mandela. Cette crise carcérale localisée révèle en réalité une faillite systémique de la justice pénale en RDC.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

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