Dans la chaleur étouffante du stade Tata Raphaël, Marie Kanyonga serre contre elle un sac de riz comme on étreint une bouée de sauvetage. « Hier encore, je dormais sur des cartons à même le béton », confie cette mère de cinq enfants, victime des inondations qui frappent Kinshasa depuis début 2024. Son témoignage résonne avec celui des milliers de sinistrés recevant ce 24 mai une aide vitale venue d’un front inattendu : les ambassadeurs africains accrédités en RDC.
Coordonnée par le doyen du corps diplomatique Rachid Agassim, cette opération humanitaire révèle une solidarité continentale en temps de crise. Des denrées alimentaires aux produits de première nécessité, chaque colis distribué porte l’empreinte d’une coopération panafricaine concrète. « Quand le fleuve Congo monte, il ne demande pas la nationalité de ceux qu’il engloutit », lance l’ambassadeur marocain, soulignant l’urgence d’une réponse collective face aux catastrophes naturelles.
Cette mobilisation interroge autant qu’elle impressionne. Pourquoi des représentants étrangers doivent-ils suppléer aux carences de l’État congolais ? Les partenariats avec des acteurs privés comme la Chambre de commerce Congo-Maroc ou la Rawbank montrent pourtant qu’une synergie efficace est possible. La ministre Nathalie-Aziza Munana salue ces « mains tendues », mais son discours bute sur une réalité implacable : 72% des infrastructures d’urgence restent financées par l’aide extérieure.
En marge de la Journée mondiale de l’Afrique célébrée le lendemain, ce geste diplomatique prend une résonance symbolique forte. Les caméras capturent les échanges entre diplomates en costume et citoyens en guenilles, image contrastée d’une Afrique à deux vitesses. « Cette solidarité devrait être notre norme, pas l’exception », commente un observateur sous couvert d’anonymat.
Derrière l’émotion médiatique, des questions cruciales persistent. Comment transformer l’élan humanitaire en solutions durables ? Les bailleurs internationaux resteront-ils mobilisés quand l’actualité se détournera des inondations ? Pour les familles entassées dans des stades transformés en camps de fortune, ces interrogations sonnent comme un luxe inaccessible. Elles se contentent de savoir que, ce samedi, leurs enfants iront se coucher le ventre moins vide.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net