La persistance du choléra dans les quartiers Mugunga et Lac Vert à Goma interpelle. Selon Paul Mulolwa, infirmier titulaire du centre de santé de Mugunga, les vibrions responsables de la maladie résistent désormais au chlore utilisé pour traiter l’eau du lac. Une réalité qui expose des milliers de ménages à un danger sanitaire permanent.
Le constat est alarmant : abandonnés depuis cinq ans, les points de chloration n’offrent plus aucune protection. « C’est comme utiliser un parapluie troué sous une averse tropicale », image un hydrologue contacté par notre rédaction. Les études citées par le soignant révèlent une adaptation inquiétante des bactéries aux méthodes de traitement habituelles.
Les conséquences se mesurent dans les statistiques du centre médical. Avec seulement 21 lits disponibles, la structure enregistre jusqu’à 21 cas simultanés, contraignant parfois au transfert urgent de patients vers Buhimba. Ces chiffres, stables même hors période épidémique, signalent une contamination endémique liée à la consommation d’eau non potable.
Mais comment en est-on arrivé là ? Les experts pointent une combinaison de facteurs. La proximité des habitations avec le lac, la pression démographique croissante, et surtout l’évolution des souches bactériennes rendraient le chlore inefficace. Une situation comparable à la résistance aux antibiotiques, mais dans le domaine hydrique.
Face à cette impasse sanitaire, l’appel aux organisations spécialisées en Eau-Hygiène-Assainissement (EHA) devient crucial. La priorité ? Développer des solutions alternatives : filtration avancée, traitement UV ou méthodes combinatoires. « Il faut imaginer un bouclier multidimensionnel contre ce fléau », insiste Mulolwa, soulignant l’urgence d’une réponse adaptée.
En attendant ces innovations, les gestes de prévention gardent leur importance. Ébullition systématique de l’eau, lavage des mains au savon, et vigilance accrue face aux symptômes (diarrhées aqueuses, vomissements). Des mesures vitales dans une région où le choléra a déjà fait plus de 1,500 victimes depuis 2023 selon les derniers rapports sanitaires.
Cette crise met en lumière un défi plus large : l’accès à l’eau potable dans le Nord-Kivu. Alors que 45% des ménages gomatraciens dépendent de sources non contrôlées selon l’UNICEF, la solution durable passerait par la réhabilitation complète des infrastructures hydrauliques. Un projet colossal, mais indispensable pour tourner la page du choléra.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net