Dans un contexte où la pression humanitaire ne cesse de croître dans le nord de la République démocratique du Congo, l’entretien entre la députée Grâce Neema et le représentant du HCR à Kinshasa a mis en lumière une réalité alarmante : la localité de Zapay, dans le Bas-Uele, se transforme en poudrière humanitaire. Avec plus de 47 000 réfugiés centrafricains entassés dans des infrastructures dépassées, l’élue n’a pas mâché ses mots : « Nous sommes au bord de l’implosion ». Une déclaration-choc qui résonne comme un avertissement aux décideurs politiques.
Une bombe à retardement humanitaire
Le territoire d’Ango, déjà fragilisé par des années de conflits latents, subit de plein fouet cet afflux massif. La chefferie Sasa, théâtre de cette crise, illustre le paradoxe congolais : une région riche en ressources naturelles mais incapable de répondre aux besoins élémentaires des déplacés. La question se pose : jusqu’où peut-on étirer les limites de la résilience locale avant que ne se produise l’irréparable ?
Le HCR face à l’urgence des chiffres
La mission conjointe prévue entre l’Assemblée nationale et l’agence onusienne cherchera à quantifier l’ampleur des besoins. Mais les déclarations de la questeure adjointe laissent transparaître une amère réalité : les mécanismes d’aide actuels ressemblent à un pansement sur une jambe de bois. « Faciliter le travail de l’UNHCR », demande-t-elle, sous-entendant que les lourdeurs administratives congolaises entravent l’action humanitaire.
La motion d’information : arme politique ou cri du cœur ?
L’initiative parlementaire de Grâce Neema Paininye dévoile les fissures d’un système à bout de souffle. En saisissant l’hémicycle sur la situation de Zapay, l’élue du territoire d’Ango joue un double jeu : répondre à une urgence humanitaire tout en testant la réactivité du pouvoir exécutif. Un jeu d’équilibriste politique où chaque retard dans la réponse gouvernementale pourrait se transformer en argument électoral.
Les fantômes de l’histoire congolaise
La référence voilée à une « crise sécuritaire » potentielle n’est pas anodine. Le Bas-Uele, région frontalière instable, garde en mémoire les répercussions des crises centrafricaines passées. Les 47 000 réfugiés d’aujourd’hui pourraient-ils devenir demain le terreau de nouveaux conflits transfrontaliers ? La question hante les discussions stratégiques à Kinshasa.
Alors que le gouvernement tente de maîtriser les foyers de tension dans l’Est du pays, cette nouvelle crise au Nord met en lumière la vulnérabilité multidimensionnelle de la RDC. Entre urgence humanitaire et calculs politiques, la gestion de la crise de Zapay s’annonce comme un test décisif pour la crédibilité des institutions congolaises sur la scène internationale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net