Dans un geste symbolique fort, la Chancellerie des Ordres Nationaux a octroyé ce vendredi 23 mai la médaille d’Or du mérite civique à quatre personnalités congolaises, dont l’ancien bâtonnier national Tharcisse Matadiwamba Kamba Mutu. Cette décision présidentielle, matérialisée par l’arrêté n°111/003/PR/CDON/CJ/2025, interroge autant qu’elle célèbre : hommage légitime à des parcours d’excellence ou stratégie de consolidation d’un récit national ?
Des lauriers sous haute tension symbolique
Le choix des récipiendaires – avocat, médecin, entrepreneur et figure associative – dessine une cartographie des « mérites » officiellement reconnus. En honorant Dominic Sam, Maria Govers, le Dr Diabeno Tombe et Maître Matadiwamba, les autorités semblent vouloir incarner une République unie autour de ses élites professionnelles. Mais derrière l’apparat des cérémonies, se profile l’art délicat du pilotage d’image étatique.
Matadiwamba : un modèle ou un miroir aux alouettes ?
Figure centrale de cette promotion, l’ancien bâtonnier national incarne cette ambivalence. Son mandat de 12 ans à la tête de l’Ordre des avocats fut marqué par une rigueur administrative saluée, mais aussi par des tensions internes rarement évoquées. En appelant à « la discipline au sein des ordres professionnels », le médaillé d’or semble tout à la fois prescrire un remède et en rappeler la nécessité.
Une distinction aux multiples facettes
La Chancellerie ne s’y trompe pas, qualifiant les lauréats d’« étoiles » guidant les jeunes générations. Pourtant, on peut s’interroger : cette reconnaissance tardive d’acteurs en retrait de la scène publique traduit-elle une volonté de récupération politique ? La référence au « rayonnement de la RDC » dans le texte officiel laisse entrevoir une dimension géopolitique sous-jacente.
Le mérite civique, nouvelle monnaie d’échange ?
Le discours de Matadiwamba, évoquant sa collaboration avec le Dr Diabeno pour « encadrer les ordres professionnels », révèle les attendis cachés de cette distinction. En glorifiant les architectes de structures de régulation sectorielle, l’État légitime-t-il indirectement son propre modèle de gouvernance ? La boucle est habile : les récipiendaires sont récompensés pour avoir servi un système dont ils deviennent désormais les ambassadeurs.
Vers une reconfiguration des légitimités ?
Cette cérémonie pourrait marquer un tournant dans la gestion des symboles républicains. En honorant des figures en marge du sérail politique traditionnel, le pouvoir actuel tisse subtilement de nouvelles alliances avec la société civile organisée. Reste à savoir si ces médailles constitueront un tremplin pour les lauréats ou un simple cautère sur une jambe de bois institutionnelle.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
