La santé mentale des populations de Goma et du Nord-Kivu nécessite une mobilisation urgente, alerte Vicar Batundi, acteur clé de la société civile locale. Lors d’un récent entretien, il a insisté sur la nécessité de développer une résilience préventive face aux traumatismes cumulés par des années de crises. Mais comment construire cette armure psychologique dans une région marquée par l’instabilité ?
Les défis sont multiples : morts subites, séparations familiales prolongées, exposition permanente aux violences sur les réseaux sociaux… Autant de facteurs qui, selon Batundi, transforment le quotidien des habitants en « cocktail explosif » pour la santé psychique. « Le changement brutal des modes alimentaires due aux déplacements forcés agit comme un stress supplémentaire », précise-t-il, dressant un tableau alarmant de la situation dans l’Est de la RDC.
Les symptômes de ce malaise collectif se manifestent par des cas croissants de dépression sévère et de stress post-traumatique. Imaginez un corps soumis à une pression constante : sans soupape de décompression, le risque d’implosion devient réel. C’est précisément cette urgence qui motive les propositions concrètes de Batundi : consultations médicales précoces et déploiement de cliniques mobiles dans les quartiers prioritaires.
Mais la innovation réside dans l’approche communautaire préconisée. « La solidarité civile à Goma doit devenir notre première ligne de défense », argue le militant. Une vision qui rejoint les pratiques internationales en gestion de crise psychosociale, où l’entraide entre voisins complète l’action médicale. Reste à mobiliser les ressources nécessaires : formation d’agents de santé mentale locaux, kits d’urgence psychologique, espaces sécurisés pour le dialogue communautaire…
Face à l’ampleur du défi, Batundi interpelle les autorités congolaises et la communauté internationale : « Comment prétendre reconstruire le pays sans soigner les esprits ? ». Une question rhétorique qui souligne l’impératif d’intégrer la santé mentale dans les programmes d’aide humanitaire. Car chaque jour sans action aggrave le risque d’une génération marquée par des traumatismes durables.
En attendant des mesures structurelles, des gestes simples peuvent faire la différence : maintenir les liens familiaux malgré les séparations, limiter l’exposition aux contenus violents en ligne, identifier les signaux d’alerte chez ses proches. La résilience, rappelle Batundi, commence par ces chaînes de solidarité invisibles qui unissent une communauté face à l’adversité.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net