Le rapatriement des réfugiés rwandais installés en République démocratique du Congo (RDC) s’accélère sous l’égide du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ce jeudi 22 mai, 610 personnes ont traversé la frontière vers le Rwanda, portant à 1 710 le nombre total de rapatriements depuis le début de l’opération humanitaire samedi dernier. Une dynamique qui interroge sur les conditions de vie de ces populations et les enjeux sécuritaires dans le Nord-Kivu.
Un exode précipité par l’offensive du M23
La majorité des rapatriés – femmes, enfants et personnes vulnérables – proviennent de Karhenga (Masisi) et Kanyarushinya (Nyiragongo), zones tombées sous contrôle du mouvement rebelle AFC/M23 depuis janvier. « Leur retour a été rendu nécessaire par l’impossibilité de regagner leurs villages d’accueil », explique Eijun Byun, porte-parole du HCR. Les vérifications préalables des profils, incluant le respect du principe de non-refoulement, ont précédé chaque convoi.
Des témoignages poignants à la frontière
À la grande barrière de Goma, les scènes de séparation ont marqué les observateurs. Jean-Baptiste Nsengiyunva, 43 ans, décrit un départ forcé : « Les autorités du M23 nous ont ordonné de rentrer au Rwanda. Ils nous ont transportés vers les centres du HCR ». Arrivé en 2006 pour cultiver des terres à Kibumba, il incarne ces réfugiés économiques pris dans l’étau des conflits armés.
Le difficile retour aux racines
Jeannette Imanyishimwe, mère de quatre enfants, raconte huit années de labeur à Kibati avant son rapatriement : « Sans le HCR, je n’aurais jamais pu financer ce voyage ». Son cas souligne un paradoxe : certains réfugiés installés depuis des décennies en RDC doivent reconstruire leur vie dans un Rwanda qu’ils ont fui pendant le génocide.
Kigali tend la main : réintégration ou récupération politique ?
Pacifique Ishimwe, maire adjointe de Rubavu, assure que les rapatriés « contribueront au développement national ». Un discours d’apaisement qui contraste avec les tensions récurrentes entre la RDC et le Rwanda, accusé de soutenir le M23. Début mars, la remise de 20 combattants FDLR aux autorités rwandaises par les rebelles avait déjà alimenté les suspicions.
Une crise humanitaire aux multiples facettes
Cette opération du HCR révèle les fractures persistantes de la région des Grands Lacs. Si le rapatriement volontaire respecte les standards internationaux, les circonstances de ces départs interrogent. Comment garantir la durabilité de ces retours ? Quel avenir pour les Congolais déplacés par les mêmes conflits ? Autant de questions qui rappellent l’urgence d’une solution régionale globale.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
