Plus de 900 familles de la chefferie de Bwito ont été contraintes à l’exode depuis trois semaines, fuyant les combats opposant les Wazalendo aux rebelles du M23 dans le territoire de Rutshuru. Ces déplacés du Nord-Kivu ont trouvé refuge à Bambo-Centre, transformant cette localité en épicentre d’une crise humanitaire aux proportions alarmantes.
Selon Matilde Gueho, cheffe de mission adjointe de MSF à Goma, près de 500 ménages survivent dans des écoles et églises surpeuplées. Environ 4 000 autres s’entassent chez des familles d’accueil, saturant les capacités d’hébergement. « Presque toutes les familles résidentes hébergent des déplacés », précise-t-elle, décrivant une cité au bord de l’asphyxie.
La situation sanitaire atteint un seuil critique. Dans les sites informels, l’accès à l’eau potable et aux produits d’hygiène fait défaut. Des centaines de personnes dorment à même le sol, sans moustiquaires ni protections contre les intempéries. « Certains passent la nuit à la belle étoile », alerte MSF, présent sur place via ses équipes médicales à Bambo et Kibirizi.
L’insécurité paralyse l’approvisionnement alimentaire. Les champs, théâtres d’affrontements récurrents entre groupes armés, deviennent inaccessibles. Résultat : les stocks s’épuisent, faisant craindre une pénurie généralisée. Comment survivre dans de telles conditions ? La question hante les humanitaires comme les déplacés.
Les combats ont connu une escalade brutale à partir du 15 mai. Des armes lourdes ont retenti dans le centre-ville de Bambo, poussant la population à se réfugier en masse à l’hôpital local. Certains villages auraient reçu des ordres d’évacuation, d’autres ont fui préventivement devant l’avancée des lignes de front.
Mercredi, de nouveaux incidents ont enflammé la zone. Des habitations réduites en cendres, un civil tué sous les balles… Ces violences rappellent l’instabilité chronique du Nord-Kivu, où le conflit M23/Wazalendo alimente un cycle infernal de déplacements. Avec chaque offensive, des milliers de vies basculent dans la précarité.
MSF sonne l’alerte : sans renfort d’aide urgente, Bambo-Centre risque de sombrer dans le chaos sanitaire. Mais dans cette région oubliée, où les crises s’enchaînent, l’attention internationale se fait discrète. Combien de drames faudra-t-il encore pour que la communauté mondiale réagisse ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net