La République Démocratique du Congo (RDC) franchit un cap stratégique dans son intégration aux circuits commerciaux globaux. Lors d’une rencontre clé à Genève, le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, a annoncé un accompagnement inédit de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pour la ratification de deux accords majeurs : l’Accord sur la facilitation des échanges (AFE) et l’Accord sur les subventions à la pêche. Une avancée qui pourrait reconfigurer le positionnement économique du pays.
« Cet engagement marque un tournant décisif pour sortir la RDC du rôle de spectateur dans le commerce mondial », a déclaré Julien Paluku, soulignant l’urgence de traduire en actes les ambitions affichées. L’AFE, adopté il y a près d’une décennie mais jamais ratifié par Kinshasa, promet une réduction drastique des délais de dédouanement – jusqu’à 72 heures selon les estimations – et une baisse des coûts logistiques de 15 à 20% pour les exportateurs congolais.
Le deuxième accord, relatif aux subventions à la pêche, répond quant à lui à un impératif double : sécuriser les ressources halieutiques du fleuve Congo tout en développant une industrie locale compétitive. « Les pays africains perdent près de 2,3 milliards USD annuellement à cause des pratiques de pêche non durables. La ratification permettra à la RDC d’accéder à des fonds d’accompagnement pour moderniser ce secteur », explique un expert des négociations commerciales sous couvert d’anonymat.
Mais pourquoi ces ratifications tardent-elles depuis 2013 ? Les observateurs pointent un manque chronique d’expertise technique et des réticences administratives. L’appui opérationnel de l’OMC, comprenant des formations ciblées et un appui législatif, vise précisément à lever ces obstacles. Une revue complète de la politique commerciale nationale est par ailleurs programmée pour 2026, créant un cadre d’évaluation permanent.
Quels impacts concrets ces ratifications auront-elles sur l’économie congolaise ? Premièrement, une hausse anticipée de 7 à 9% des flux commerciaux transfrontaliers selon les modèles de la CNUCED. Deuxièmement, un accès facilité aux marchés régionaux et internationaux pour les produits miniers – pilier de l’économie nationale – ainsi qu’aux filières agricoles émergentes. Enfin, une crédibilité renforcée auprès des investisseurs étrangers, essentielle pour diversifier une économie encore trop dépendante des matières premières.
Reste le défi de la mise en œuvre. Le gouvernement devra présenter ces textes au Parlement d’ici fin 2024, conformément à l’article 215 de la Constitution. « Nous travaillons sur un plan de réformes couplé à un cadre juridique harmonisé avec le droit OHADA », précise un conseiller du ministère. L’OMC prévoit quant à elle un appui technique de 2 millions USD sur trois ans pour moderniser les infrastructures douanières.
À plus long terme, ces accords pourraient servir de catalyseur pour l’adhésion de la RDC à la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF). Une perspective qui alignerait enfin le potentiel économique congolais – 2,3 millions de km² et 100 millions de consommateurs – avec son influence réelle dans les arènes commerciales internationales.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net