La nuit du 21 au 22 mai a plongé Goma et le territoire de Nyiragongo dans une spirale de violence. À Bugamba 2, dans le groupement Muja, des hommes armés non identifiés ont forcé l’entrée d’une habitation vers 22 heures. Leur cible : le père de famille, présenté comme commissionnaire. Son absence a scellé le destin de son fils, froidement abattu sous les yeux de sa mère. Selon des témoins, les assaillants ont disparu dans l’obscurité après leur forfait.
Quelques heures plus tard, une seconde vague de terreur a frappé le quartier Kyeshero. Aux alentours de minuit, des individus lourdement armés – soupçonnés d’appartenir au M23 – ont saccagé le bloc 5 de l’avenue Mayimoto. Portes enfoncées, familles réveillées en sursaut : les pillages se sont enchaînés. « Ils exigeaient argent et objets de valeur sous la menace des armes », rapporte un habitant sous couvert d’anonymat. L’intervention rapide des voisins aurait mis fin à leur expédition.
Ces événements surviennent dans un contexte sécuritaire déjà explosif. Le Nord-Kivu enregistre depuis janvier une recrudescence des attaques ciblant civils et installations stratégiques. Les quartiers périphériques de Goma, pourtant réputés plus stables, semblent désormais dans le collimateur des groupes armés.
Sur place, la psychose gagne du terrain. « Dormir devient un cauchemar », confie une commerçante du marché de Kyeshero. Les dispositifs sécuritaires déployés par les FARDC et la MONUSCO peinent à rassurer. Jusqu’à quand les populations devront-elles vivre sous cette menace constante ?
Les autorités locales, jointes par nos soins, promettent une réaction « ferme et immédiate ». Aucun détail opérationnel n’a toutefois filtré sur d’éventuelles patrouilles renforcées. En parallèle, des voix s’élèvent pour dénoncer la recrudescence des activités du M23 dans la région. Le groupe rebelle, actif depuis 2012, multiplierait les incursions en périphérie urbaine selon plusieurs observateurs.
Cette nuit sanglante pose crûment la question de la protection des civils dans l’Est congolais. Avec 135 incidents sécuritaires recensés depuis début 2024 dans le Nord-Kivu selon le Baromètre sécuritaire du Kivu, la crise prend des proportions alarmantes. Les récentes attaques à Goma et Nyiragongo marquent-elles un tournant dans la stratégie des groupes armés ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net