La terre se dérobe sous les pieds des habitants de Boya. Dans cette cité minière du Kasaï-Oriental, un ravin dévoreur avance inexorablement à raison de plusieurs mètres par an, transformant les voies de circulation en paysages lunaires. « Notre route principale ressemble à une blessure ouverte », décrit un résident, le regard rivé sur cette faille qui dépasse désormais 15 mètres de profondeur par endroits.
À l’origine du phénomène : le drainage sauvage des eaux de pluie combiné aux écoulements non contrôlés des sites miniers. Chaque averse transforme le sol en torrent boueux, creusant des sillons meurtriers. Placide Lufuluabu, porte-voix de la société civile, alerte : « L’érosion à Boya n’est pas une fatalité mais le résultat de décennies d’improvisation ».
Les conséquences frappent de plein fouet l’économie locale. Les motos-taxi – seul moyen de transport restant – exigent désormais 5 fois le tarif habituel pour franchir la zone dangereuse. « Comment voulez-vous que nos femmes accouchent à l’hôpital ou que nos enfants aillent à l’école ? » s’indigne une commerçante devant son étal déserté.
Pendant ce temps, le FONER, institution clé pour l’entretien routier, brille par son absence. Les appels répétés des populations butent sur un mur de silence administratif. Pourtant, les solutions existent : bassins de rétention, canalisations adaptées, reboisement d’urgence. Mais face à l’inaction, la cité minière se mue progressivement en îlot coupé du monde.
Ce drame écologique illustre un paradoxe congolais : comment des régions regorgeant de richesses minières peuvent-elles sombrer dans l’oubli ? Chaque jour perdu accroît le coût d’une future intervention. Demain, il ne restera peut-être plus qu’à évacuer Boya, nouvelle victime de l’érosion et de l’indifférence.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd